Des solutions industrielles de plus en plus packagées pour réduire les coûts finaux

Les principaux groupes industriels organisent leur offre en systèmes, à forte valeur ajoutée. Mais depuis l'application de la RT 2012, la priorité des intervenants n'est plus tant la course à la performance thermique que la réduction des coûts.

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Le secteur du plancher a pour ténors les fabricants de poutrelles précontraintes (70 % de PDM), en particulier les deux principaux acteurs que sont Rector et KP1. En face, l'offre de poutrelles treillis (30 % du marché) est plus diffuse et locale, et fait intervenir des armaturiers et des enrobeurs (lesquels sont parfois négociants). Les poutrelles et les hourdis, commercialisés par ces industriels, sont toujours associés à une dalle de compression en béton armé coulée sur place. L'industrie du béton prêt à l'emploi (BPE) apparaît donc comme un acteur de complément discret, mais présent dans la plupart des systèmes constructifs - poutrelle/hourdis, dalles pleines, prédalles et autres planchers collaborants.

Les ciments courants sont les produits les plus employés, mais les bétons autoplaçants sont appréciés par leur facilité de mise en œuvre. À l'origine, les hourdis (également en béton) étaient réalisés par les fabricants de blocs et/ou de poutrelles. « L'entrevous béton se maintient encore aux alentours de 20 % » estime Éric Stievenard, directeur du marketing d'Alkern. Mais il régresse au profit d'entrevous plus légers (polystyrènes, bois, composites, plastiques). « Le hourdis en polystyrène, à la fois coffrant et isolant, se démocratise. De plus, sa légèreté permet d'augmenter la portée du plancher, de faciliter sa mise en œuvre et d'améliorer les conditions de travail des maçons », souligne Olivier Huraux, chef de marché national isolation des planchers chez Knauf.

Trois segments à traiter

Techniquement, le marché du plancher est segmenté en trois niveaux : les planchers bas sur vide sanitaire (VS), les planchers intermédiaires, les planchers hauts de toiture-terrasse. Le vide sanitaire, en faveur duquel la Fédération des industries du béton (Fib) milite, progresse face à la construction sur terre-plein, encore habituelle dans certai-nes régions (Poitou-Charentes, Limousin, Aquitaine, Auvergne, Rhône-Alpes, Ile-de-France), selon Bertrand Frelet, directeur commercial de KP1. Au-delà des progrès dans la mise en œuvre (pose sans étais), l'évolution des planchers VS est surtout liée à la thermique.

Les planchers RT 2012 impliquent, outre le traitement des déperditions surfaciques et périphériques, celui des murs de refend, d'où une floraison de solutions systèmes : Seac-Watt chez Seac-GF, Milliwatt chez KP1, ou Equatio VS chez Rector, lequel a développé une offre box incluant les constituants nécessaires dans un même package. L'intégration, par KP1, de fonction de chauffage par le sol (et, plus récemment, de récupération de chaleur dans un entrevous, Milliwatt Obox) dans la dalle de compression évite la superposition de couche de béton ou d'isolants supplémentaires - un procédé issu d'un développement conjoint avec Acome. De son côté, Rector prépare des solutions dans ce domaine avec Rehau.

Redistribution des cartes

Pour les planchers d'étage, les enjeux concernent davantage la légèreté, tant pour les poutrelles que pour les entrevous (plastiques, bois, composites). KP1 a développé une nouvelle poutrelle légère, LX12, avec une entrevous plastique associée. Les planchers sous toitures plates en maisons individuelles, sont marqués par le risque de condensation dans les plenums au niveau des acrotères.

Pour toutes ces solutions, les principaux intervenants de la poutrelle développent des offres complètes. Face à cette concurrence, les acteurs spécialisés réagissent. Exemple, le fabricant de hourdis polystyrène indépendant Deltisol, dirigé par Jacques Murzilli, après avoir développé une solution astucieuse de traitement des ponts thermiques (les rupteurs se découpent directement sur les hourdis PSE), s'est doté de sa propre fabrique de poutrelles précontraintes en mars 2014. Par ailleurs, les solutions intégrées à la maçonnerie, comme les planelles isolantes proposées par des spécialistes du mur comme Perin et Cie (du groupe Denis) ou Alkern, sont des alternatives simples aux rupteurs de ponts thermiques des spécialistes planchers, et sont, à ce titre, considérées avec intérêt par les distributeurs.

Malgré tout, les fabricants de poutrelles précontraintes se défendent de vouloir en faire trop et se concentrent sur la réduction du coût de construction global par l'intégration de fonction.

Un besoin d'alléger les structures

Autre axe stratégique pour les industriels : étendre la solution poutrelle/hourdis aux locaux d'habitation de 2e famille (maisons en bande et collectif), grâce à des composants adaptés à la nouvelle réglementation acoustique (NRA) et/ou à la protection contre le feu. Une fois ces exigences satisfaites, la solution plancher/hourdis permet d'enlever du « poids mort », d'alléger les structures, selon Bertrand Frelet. Des arguments à faire valoir auprès des prescripteurs.

Cependant, sur ce marché des grands planchers, la préfabrication (prédalles et dalles alvéolaires) est concurrencée par le coffré/coulé sur place. Or, la sous-traitance du lot plancher par les entreprises générales auprès de sociétés étrangères, qui ont peu recours à la préfabrication (car il s'agit d'entreprises de main-d'œuvre, qui ne disposent pas de moyens de levage adaptés), tendrait à raviver la concurrence.

Des alternatives en acier ou en bois

Face au béton, les planchers col- laborants sont issus de l'industrie du profilage à froid de produits plats acier. Il s'agit d'un procédé associant la résistance de tôles acier (faisant coffrage) à celle du béton. Le tertiaire est leur principal débouché (avec 1,5 million de m2 par an), soit un tiers du segment où il rivalise avec les prédalles ainsi que les dalles pleines alvéolaires ou coulées sur place. Si ces produits sont naturellement privilégiés par les constructeurs métalliques, « les négoces matériaux et les entreprises de maçonnerie s'ouvrent à cette solution présente sur le marché depuis déjà quarante ans », assure Vincent Birarda, responsable de l'activité plancher d'ArcelorMittal Construction. Ils sont appréciés pour leur facilité d'utilisation et pour leur légèreté (7 à 8 kg/m2) en rénovation. La tendance est, là encore, à la recherche d'in- tégration de fonctions, comme le système Cofradal, lequel intègre au bac un isolant laine de roche (résistance au feu et performance phonique) et dont la sous-face demeure visible (alternative aux faux-plafonds).

Enfin, les planchers structurels bois sont de diverses sortes. Les traditionnels planchers par solivage comprennent une ossature de poutres, de solives, de chevêtres et un platelage (planches ou panneaux OSB notamment). Ces alternatives aux solives en bois massif (naguère en chêne ou en châtaignier, à présent surtout en résineux) sont des produits en bois reconstitués, tels le lamibois ou les poutres en I, comme Swelite évoqué par Gwenolé Lees, directeur du mar- keting et du développement chez ISB. Les principaux débouchés sont la maison à ossature bois (MOB), le segment de plancher de toiture-terrasse en maison individuelle, enfin les surélévations. Les panneaux en bois massif (dont le groupe Tanguy est l'un des spécialistes) sont utilisés aussi bien en murs qu'en planchers. Enfin, le principe du plancher collaborant figure parmi les solutions bois (planchers mixtes bois/béton).

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