Densité et réversibilité : la recette Lidl pour développer ses supermarchés

La filiale française du distributeur allemand lance une soixantaine de chantiers par an, principalement sur des terrains déjà artificialisés.

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Le supermarché R+1 de Marseille La Valentine avec nouveau parking.
Le supermarché R+1 de Marseille La Valentine avec nouveau parking.

Une soixantaine de chantiers par an. C’est le rythme de croisière de Lidl en France. Propriétaire à 90% de ses 1570 supermarchés, âgés d’une dizaine d’années et d’une surface moyenne de 900m², le distributeur allemand est engagé, depuis 2012, dans un programme de modernisation de son parc immobilier. « Une des faces les plus visibles de la transformation » de l’ex-discounteur, souligne Matthieu Frechon, directeur technique de la filiale française.

Dans 75% des cas, l’option démolition-reconstruction ou transfert sur un terrain à proximité est activée. Autrement, Lidl opte pour une location ou reprise d’une cellule commerciale, une extension du supermarché existant ou bien une réhabilitation lourde : structure mise à nu, nouveau carrelage, nouvelles toitures isolées…

En 2021, 85% des Lidl livrés neufs ou rénovés, caractérisés par une grande façade vitrée, se situaient sur des fonciers déjà artificialisés. Sur les 15% restants, la majorité des projets portait sur des dents creuses ou étaient en continuité avec un tissu urbain dense.

Convaincre les CDAC

Manque de foncier oblige en Ile-de-France et dans les métropoles, le groupe s’est converti en 2017 aux supermarchés R+1. Il en compte 33. Quatre sont en construction, avec parking au RDC et surface de vente à l’étage. Le R+2 n’est pas envisagé car jugé trop coûteux en raison de l’installation de trottoirs roulants (ou travelators, en anglais). « Et cela compliquerait le parcours client », soulève Matthieu Frechon.

Outre la densité, Lidl met en avant son concept de réversibilité, imaginé avec l’agence parisienne Air Architectures. « Polyvalent et universel, un Lidl n’est ni trop grand, ni trop petit. Sa surface de vente est sans poteau. Il dispose de zones de cuissons, d’un quai de livraison, d’un parking… Son béton allégé de 30cm d’épaisseur est facile à couper si vous voulez créer des ouvertures », développe-t-il.

Une brasserie s’est récemment installée dans un ancien Lidl, à Saint-Jean-de-Soudain (Isère). Le distributeur suggère d’autres pistes : centre sportif, crèche, salle communale… Au rayon logement, la résidence étudiante qui remplacerait le supermarché serait composée d’un patio en lieu et place de la surface de vente lumineuse et de chambres situées autour. « La réversibilité nous aide à convaincre les communes et les Commissions départementales d’aménagement commercial (CDAC) qui ne veulent pas se retrouver avec des friches », observe-t-il.

Parkings drainants

A la demande des CDAC, Lidl pratique la continuité paysagère. « A Draveil (Essonne), nous avons mis en façade de la pierre meulière comme celle du centre équestre voisin. Dans la région de Toulouse, les parements de nos supermarchés sont tous en briques », illustre-t-il. Les CDAC sont aussi exigeantes en matière de végétalisation. « Nous utilisons des plantes locales, et c’est tant mieux, car elles demandent moins d’arrosage, donc sont plus économes », commente-t-il.

Autre argument écologique qui peut peser : depuis 2016, chaque projet Lidl donne naissance à un parking équipé de pavés drainants de la PME eurélienne Ecovégétal. « Certifiés par le Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, NDLR), nos parkings sont garantie zéro ruissellement et peuvent absorber 200ml d’eau pendant une heure », soit le niveau de précipitations enregistré à Paris au printemps dernier, assure-t-il.

En matière d’énergies renouvelables, Lidl se pose systématiquement la question du photovoltaïque. « Nous visons en moyenne 1000m² en toitures et/ou ombrières par supermarché, à condition de ne pas gêner le flux de camions sur le parking », explique Matthieu Frechon. Impossible d’atteindre l’autonomie énergétique car les batteries à installer sont « affreusement chères », selon lui. Et surtout, les frigos, congélateurs et chambres froides qui représentent 50% dans la facture énergétique sont obligées de tourner en permanence.

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