A l’heure où le commerce en ligne explose, industriels et négociants du secteur de la construction se mettent en ordre de bataille. Ils investissent de plus en plus pour créer ou améliorer les services marchands sur leurs sites Internet.
Ce nouveau mode de commercialisation des produits présente de nombreux avantages. Pour les entreprises clientes tout d’abord. Elles disposent, en effet, d’une information complète sur les produits 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. Photothèque, vidéothèque, simulation tarifaire… sont autant de fonctionnalités techniques, marketing, commerciales et même logistiques (conditions d’approvisionnement, contenance des cartons…) à la portée des internautes. K-Line, fabricant de fenêtres en aluminium, développe un site marchand depuis fin 2007. « L’outil Internet a été pensé comme un outil de services à destination de nos clients », résume Didier Guilloteau, responsable du site. Et les services fourmillent sur ce site : descriptifs techniques, réglementations en vigueur, vidéos d’aide à la mise en œuvre des produits, documentation commerciale, commandes et suivi en temps réel des commandes effectuées en ligne.
Si les entreprises consultent massivement les catalogues en ligne, rares sont celles à franchir le pas du e-commerce. Quant au règlement en ligne, il reste anecdotique : la plupart des sites marchands n’offrant pas cette possibilité. Les entreprises préfèrent transmettre leurs commandes par les moyens habituels que sont le téléphone, le fax ou les échanges de données informatisées (EDI).
Des freins psychologiques encore prégnants
Question d’habitude ou de confiance, cette préférence s’explique également par le besoin de négocier en direct avec son commercial. Qui mieux que lui connaît l’entreprise, ses besoins… C’est aussi l’interlocuteur privilégié du chef d’entreprise pour discuter prix et autres tarifs préférentiels. A ces freins psychologiques s’ajoutent également des barrières techniques. En témoigne l’expérience de Laurent Ortas, responsable Product Information Management de Saint-Gobain Isover-Placoplatre France : « Nous avions ajouté une application e-commerce sur notre site Internet. Disponibilité des produits, conditions de livraison…, les commandes étaient bien gérées : c’était le mode parfait pour nous. Seulement, les logiciels de gestion de nos clients n’étaient pas interopérables avec notre système : les informations ne transitaient pas. Les clients devaient à chaque fois ressaisir leurs commandes. Améliorer cette application aurait été trop coûteuse par rapport à ses bénéfices. Nous avons abandonné ce système pour privilégier un autre outil : Batidata. »
Lancé en 2005, Batidata n’est pas un catalogue en ligne mais un outil de gestion mis à la disposition des négociants par les industriels.
L’avenir du catalogue électronique
Le principe est simple : à chaque modification des données « produits », renouvellement de gammes ou sortie d’un nouveau produit, Batidata redistribue ces mises à jour dans les systèmes d’informations de ses clients. Automatiquement et sans besoin de vérification. Un dispositif particulièrement pertinent sur le marché du négoce, selon Olivier Delacotte, directeur général du projet Batidata : « Dans le bâtiment, l’information sur les produits est fondamentale. Les professionnels ne peuvent se permettre de raisonner uniquement sur un prix. Batidata garantit donc une information complète et mise à jour en permanence. »
Seulement, cette ambition se heurte à des obstacles techniques. Un tel système exige de relier le système d’information du fabricant à celui de ses partenaires. Or chacun dispose de son propre langage informatique (XML, PDF…). Un mélange des genres qui rend illisible les données échangées entre les systèmes d’information. Ce problème de compatibilité logicielle est à l’origine de la fermeture provisoire de Batidata début 2008, le temps de mettre au point une norme de fichier standard. La réouverture de Batidata est espérée cette année.
En attendant, les entreprises disposent de bien d’autres canaux d’informations. A commencer par les sites d’informations spécialisées comme Batiproduits, qui recense plus de 35 000 produits et 2 800 fabricants. Les catalogues - en ligne et papier - constituent une autre source d’information pour les entreprises. « Le catalogue papier complète les canaux dématérialisés. Comme les accès Wi-Fi sont rares sur les chantiers, il permet de relayer les informations sur le terrain. Certes, il fournit des informations figées mais il profite d’un taux de reprise en main très élevé. Les utilisateurs apprécient de pouvoir y laisser des annotations », note Yohan Martin-Brincat, directeur marketing de la division bois et matériaux de Wolseley France, distributeur de produits de chauffage et sanitaire, de bois et de matériaux de construction.
74 % des entreprises de BTP utilisent régulièrement Internet pour rechercher des informations sur les produits de la construction.
19 % des négociants proposent l’achat en ligne de certains matériels et matériaux pour la construction sur leur site.