DEBAT EGF-BTP Le mode de dévolution des travaux est-il la clé du progrès technique ?

Entreprises générales de France BTP (EGF-BTP) a réuni ses adhérents en assemblée générale mercredi 16 juin. A cette occasion, un débat s'est tenu, animé par Bertrand Fabre, rédacteur en chef du « Moniteur », sous la présidence de Bernard Tarbès, président d'EGF-BTP (ex-SNBATI), et Bernard Esambert, président du Centre français du commerce extérieur (CFCE).

Participaient à ce débat : pour les entreprises, Jean Bard (Bouygues), Vincent Cousin (Groupe GTM), Jean-Jacques Massip (Razel), Henri Stouff (Campenon Bernard SGE) et François Vahl (Solétanche Bachy) ; pour la maîtrise d'ouvrage, René Eladari (ministère de la Justice), Jean-Michel Etienne (DAEI), Claude Martinand (Réseau Ferré de France), Jacques Perrilliat (préfet hors cadre) et Noël Simpson (HRO France).

Bernard Esambert a tout d'abord rappelé le rôle moteur de l'innovation dans la société et la perspective de croissance annoncée par certains économistes qui voient dans la fin des années 90 le renouvellement, grâce aux nouvelles technologies de l'information, du cycle des Trente Glorieuses d'après-guerre.

Face à cette projection réjouissante, les entrepreneurs demandent que le mode de dévolution des travaux leur laisse davantage de liberté dans la définition des projets. Par là, ils entendent apporter leur différence.

Mais la règle du jeu le permet-elle toujours ? Si, dans les marchés privés, la liberté est totale, il n'en va pas de même pour les marchés publics où les modes possibles de consultation et de dévolution des travaux sont encadrés par les textes réglementaires.

Progresser dans la rentabilité

Deux grands principes s'en dégagent. Tout d'abord, le maître d'ouvrage définit techniquement son projet, généralement avec le concours d'un maître d'oeuvre, et l'impose à l'entreprise avec peu de liberté technique d'exécution ; c'est la méthode « classique » la plus courante, qui peut être pratiquée avec beaucoup de précision et de rigueur comme à « l'anglo-saxonne », sans laisser d'opportunité d'innovation à l'entreprise. Ou bien, le maître d'ouvrage exprime un besoin sans projet précis et l'entrepreneur propose un projet complet : c'est l'idée contenue dans le contrat de conception-construction dont l'usage est aujourd'hui très limité en marché public et le principe très apprécié par les entreprises générales qui voient dans cette méthode un appel aux capacités de proposition et d'optimisation des candidats, plaçant ainsi l'innovation de leur côté.

Les grands entrepreneurs présents ont dit leur préférence pour l'innovation. Si elle permet à leurs clients de les distinguer sur d'autres critères que financiers, elle est aussi le meilleur moyen, pour eux, de progresser techniquement dans la qualité et financièrement en rentabilité. L'innovation les positionne également sur les nouveaux marchés.

De leur côté, certains maîtres d'ouvrage vont plus loin et invitent les grandes entreprises à innover et à « concourir » au montage financier de leurs opérations, à l'heure où notamment les fonds publics font défaut pour certains projets... L'opération de construction du Stade de France en est une illustration. Mais attention, le Code des marchés publics n'a pas pour objet l'innovation mais la transparence et l'égalité d'accès à la commande. Si l'innovation est bienvenue, elle peut aussi être une prise de risques...

Souhaitons, comme l'a exprimé Bernard Esambert, que les pouvoirs publics introduisent de la souplesse dans les textes et leur interprétation, pour encourager les entreprises qui investissent dans l'innovation.

PHOTO : Bernard Esambert : «Encourageons les entreprises qui investissent dans l'innovation.»

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