De la démolition à la déconstruction

Le Pont de la Concorde à Paris a été construit avec les pierres de la Bastille. La pratique de la déconstruction ne date pas d'hier. Elle est d'autant plus d'actualité aujourd'hui qu'elle intègre avec la valorisation des déchets qui en sont issus, la construction, à travers l'éco-conception. (Chronique du Lerm de ce mois-ci).

Image d'illustration de l'article
Les granulats issus de la déconstruction sont contrôlés en laboratoire avant réutilisation.

Depuis la circulaire du15 février 2000 qui impose la mise en place de plans de gestions départementaux, les maîtres d'ouvrages doivent prendre en compte la gestion des déchets dans les marchés de travaux dont ils sont à l'origine. Cet enjeu a réorienté fondamentalement l'activité de démolition, qui dès lors tend à devenir une activité de déconstruction. Dans cette approche nouvelle, les bâtiments sont considérés non comme de futurs déchets, mais comme des ressources à valoriser ; la déconstruction signifie que le bâtiment, tel que nous le connaissons, n'est qu'un moment du cycle de vie des matériaux.

Un environnement réglementaire favorable

Au sujet de l'environnement réglementaire de la déconstruction, la circulaire de février 2000 rappelle que la loi du 13 juillet 1992 a posé le principe de la limitation du stockage des déchets réservé, à partir du 1er juillet 2002, aux seuls déchets ultimes et cette disposition s'applique aussi aux déchets du BTP. Rappelons qu' « est ultime, au sens de la présente loi, un déchet, résultat ou non du traitement d'un déchet, qui est susceptible d'être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction du caractère polluant ou dangereux. Les objectifs assignés par la circulaire sont les suivants : réduire à la source les déchets du BTP, conformément aux dispositions de la loi du 13 juillet 1992, et promouvoir leur valorisation et leur recyclage afin de réduire la mise en décharge, notamment par l'utilisation des matériaux recyclés dans les chantiers du BTP. La circulaire précise en outre les responsabilités de la chaîne des acteurs de l'acte de bâtir que sont les maîtres d'ouvrage, les maîtres d'œuvre, les entreprises...Le plan d'action gouvernemental 2009-2012 pour l'élimination des déchets vise l'application de cette directive en y adjoignant des objectifs définis pendant le Grenelle de l'Environnement.

Méthodologie de Déconstruction

Après l'analyse du site de déconstruction, un audit des bâtiments permet d'inventorier, quantifier et qualifier les matériaux présents dans le bâtiment et donc d'articuler en continu le chantier sur les filières locales de valorisation ou d'élimination.

La déconstruction elle-même s'organise en 3 phases :

- la décontamination (principalement le désamiantage),

- le démontage des matériaux du second œuvre (déchets non dangereux),

- l'abattage de la structure (déchets minéraux majoritairement inertes).

Pour chaque type de déchets, les filières de valorisation possibles sont les suivantes : réemploi, valorisation matière, valorisation énergétique. S'il n'y a pas de valorisation possible, on est donc en présence de déchets ultimes (voir encadré).

Valoriser les matériaux inertes

Ces déchets représentent à eux seuls plus de trois quarts des déchets en masse. Convenablement triés, concassés et calibrés ils peuvent complémenter les granulats naturels, dont le volume d'extraction est de 400 millions de tonnes par an. Une grande partie des inertes peut être valorisée en techniques routières et ouvrir de nouvelles perspectives pour la déconstruction et la valorisation des déchets qui en est issue.

Perspectives pour la déconstruction.

La déconstruction et la valorisation des déchets qui en est issue vont s'intensifier, car l'environnement réglementaire le préconise et les enjeux économiques sont importants. Une autre dimension très importante est à prendre en compte : la logique de la construction elle-même. L'éco-conception des bâtiments, en soumettant le choix des matériaux employés à l'analyse de leur cycle de vie, intègre la fin de vie des structures et le recyclage des éléments constitutifs dès la phase de conception. La déconstruction est anticipée par l'éco-conception non seulement dans le choix des matériaux, mais également dans des assemblages intelligents, qui permettent une récupération et un tri aisés de ces matériaux. La déconstruction hérite aujourd'hui d'une époque pendant laquelle la conception et la construction de bâtiments n'envisageaient pas la fin de vie des édifices. Cette époque est révolue, la construction doit intégrer la fin de vie du bâtiment, à savoir la déconstruction et la valorisation des déchets qui en sont issus.

Pour en savoir plus, cliquez ici

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !