En bon français, on dirait que les dark stores font le buzz, au cœur de ce mois d’août. Emmanuel Grégoire, Premier adjoint à la Maire de Paris, en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris et des relations avec les arrondissements, s’est ému sur les réseaux sociaux d’un projet d’arrêté (accompagnant un décret) qui, selon lui, légaliserait de fait les dark stores. Le texte vise à faire évoluer les destinations et sous-destinations des constructions, qui permettent aux élus de cartographier et d’encadrer les usages dans leurs PLU. Notamment, il créerait une sous-destination « commerce de détail », avec une définition étendue. Seraient ainsi couvertes « les constructions commerciales avec surface de vente destinées à la présentation de biens ou à l’exposition de marchandises proposées à la vente au détail à une clientèle ainsi que les points permanents de retrait par la clientèle d’achats au détail commandés par voie télématique ».
Second round à la rentrée
Devant l’émoi suscité - d’autres collectivités, notamment au sein de France urbaine, ayant fait part de leurs inquiétudes face à ce texte -, l’exécutif veut dépassionner le débat. Il rappelle que le projet a fait l’objet d’une première concertation début juillet, et indique qu’il y aura « un deuxième round de concertation à la rentrée, pour trouver des solutions ». L’objectif poursuivi par le gouvernement serait de clarifier le statut juridique des dark stores, et de laisser la main aux élus locaux, via le zonage des PLU et le contrôle des changements de destination, pour réguler cette activité et préserver leurs commerces de ville.
« Un dark store est, factuellement, un entrepôt », explique-t-on dans l’entourage ministériel. Il peut donc se voir interdit ou encadré par le PLU dans certaines zones, et le changement de destination d’un commerce de détail en entrepôt peut être refusé. « Mais si un dark store "désopacifie" sa vitrine pour accueillir du public, il est logique que sa qualification évolue ! ».
Une sous-destination ad hoc sur la table
L’exécutif admet que rien n’est simple en la matière, car encore faut-il savoir ce que l’on entend par ouverture au public. Un simple point d’accueil du public, qui ne serait peut-être que très peu utilisé par une clientèle par définition adepte de livraison à domicile, suffirait-il à transformer un entrepôt en commerce de détail ? Faudrait-il réserver cette possibilité aux locaux qui permettent aux chalands de déambuler ? Tout cela pourra être débattu à la rentrée avec les acteurs concernés, assure le gouvernement. Qui évoque, pourquoi pas, la création d’une nouvelle sous-destination qui serait dédiée aux dark stores dotés d’un point de retrait : ni entrepôts, ni commerces de détail…