Les professions du bâtiment, gros oeuvre comme second oeuvre, ne s'attendent guère à des miracles - surtout budgétaires - dans les mois qui viennent (voir p.16) : la production totale en volume du bâtiment devrait ainsi rester dans le rouge cette année. La Fédération nationale du bâtiment (FNB) estime que la dégradation du logement neuf et la légère progression des travaux d'entretien « devraient se compenser pour aboutir à un repli de la production du bâtiment en volume de 1,8 % en 1997 ». Si l'effet travaux du programme exceptionnel de réhabilitation de 100 000 logements se faisait sentir dès cette année, la FNB pourrait réviser cette prévision d'activité à - 1 %. Mais, indique-t-elle, ce serait « dans le meilleur des cas, improbable ». Ce programme exceptionnel, « même dans l'hypothèse de décrets d'avance», n'aura d'effets pour l'essentiel qu'en 1998 : il devrait «générer un volume de travaux supplémentaires de 4,5 milliards et le maintien sur un an de 13 000 emplois».
Dans l'attente du budget 1998
Quand on interroge les différentes professions, la situation est plus contrastée. Traditionnellement en première ligne, les maçons souffrent toujours autant, surtout en Rhône-Alpes, en Paca et en Ile-de-France, où d'ailleurs la consommation de ciment est à la baisse. Quelques entrepreneurs de l'Union nationale de la maçonnerie (UNM) indiquent cependant qu'ils ont bien travaillé durant l'été, notamment dans le secteur des constructions scolaires et des bâtiments des collectivités locales. Les maçons, qui sont également présents dans la restauration du patrimoine, fondent des espoirs dans un budget monuments historiques qui, selon les rumeurs, «serait un bon budget». Mais quid de leur activité (les carnets de commandes sont actuellement très mauvais) jusqu'en mars 1998, date à laquelle les crédits seraient effectivement mis en place ?
Autre témoin de la santé du gros oeuvre, les entrepreneurs du Gneci (Groupement national des entrepreneurs-constructeurs immobiliers) ne ressentent pas de réelle embellie dans le logements. Même situation contrastée toutefois : le Gneci note «une bonne activité dans la maison individuelle et un bon niveau de commercialisation dans des programmes existants de collectifs, et même dans ceux qui seront lancés à l'automne, ainsi qu'un frémissement des travaux d'entretien des logements. En revanche, il y a très peu de programmes nouveaux lancés» . Ce que confirment les mauvais chiffres des autorisations de construire. Les entrepreneurs notent également des difficultés à monter des tours de table en raison de la frilosité des banques et de la bagarre qui s'opère sur le foncier bien situé : «Il y a une véritable course aux programmes géographiquement bien situés. C'est ainsi que l'on enregistre dans une même région des résultats très différents de commercialisation», note-t-on au Gneci. Mais les entrepreneurs attendent avec impatience ce que le gouvernement va réserver à la fiscalité de l'investissement locatif dont la période la plus favorable pour les commandes est, traditionnellement, l'automne.
Dans le second oeuvre, les entrepreneurs restent également partagés. La période estivale, commente-t-on à la Fédération nationale de l'équipement électrique (FNEE), est toujours une période un peu exceptionnelle durant laquelle s'effectuent des travaux de rénovation chez les collectivités locales, les industries, les entreprises du tertiaire et les particuliers. Mais les prix sont toujours aussi déprimés. Les entrepreneurs du génie climatique n'ont pas enregistré de difficulté particulière dans le chauffage : l'activité se maintient. En revanche, ils ont connu une activité soutenue dans la climatisation.
L'activité artisanale en progression
Le contraste s'accentue entre la situation des grandes entreprises et celle des petites entreprises et des artisans. Les majors vivent une récession sans précédent et un repli de leurs effectifs, en raison de la quasi-disparition des gros chantiers : le groupe Eiffage par exemple prévoit pour l'ensemble de l'année 1997 une récession de son activité BTP de 2 % sur 1996, dont une chute de 6 % du bâtiment seul.
A l'opposé, l'artisanat voit au contraire son activité remonter, sous le double effet de l'embellie de la maison individuelle et, surtout, de la croissance modérée des travaux d'entretien-rénovation («Le Moniteur» du 5 septembre, p.17). Les entreprises artisanales ont vu repartir les travaux chez les particuliers, mais aussi chez les collectivités locales au milieu de l'été. Elle ont ainsi pu regarnir leurs carnets de commandes et la CAPEB espère au global une activité 1997 en hausse de 1,5 % par rapport à 1996.
LES CHIFFRES CLES
Ensemble bâtiment (source : FNB) :
Chiffre d'affaires 1996 : 436 milliards de francs sur le marché intérieur.
Evolution prévue de l'activité en volume en 1997, par rapport à 1996 : - 1,8 %.
Nombre d'entreprises : 267 000 entreprises, dont 250 000 de 0 à 10 salariés.
Nombre de salariés : 830 000.
Artisanat (source : CAPEB) :
Chiffre d'affaires 1996 : 230 milliards.
Evolution prévue de l'activité en volume en 1997 : + 1,5 %.
Nombre d'entreprises : 293 000.
Nombre d'actifs : 816 000 (salariés et non salariés).
Investissements 1996 : 7 milliards de francs.
Achats 1996 : 77 milliards de francs.