Les négociants français ont su parfaitement tirer parti d’une demande de matériaux et équipements, notamment dans la construction, d’un niveau parfaitement inattendu. D’autant plus étonnant que la croissance du Bâtiment s’exprime dans un environnement économique moyennement dynamique. Si l’on en juge par l’évolution du PIB, l’économie française suit les tendances de la zone euro, en se situant légèrement au dessus de la moyenne des douze pays de l’Euroland. Nous nous portons donc mieux que l’Allemagne, l’Italie ou le Portugal, mais moins bien que l’Espagne, l’Irlande ou la Grèce. En 2005, nous devrions rester dans cette posture d’élève « peut mieux faire ». Ce qui induit une croissance moindre. En effet, l’économie mondiale devrait connaître un ralentissement, estiment notamment les experts du Crédit Lyonnais. La zone euro en profiterait pour rattraper son retard avec un ralentissement inférieur à celui des Etats-Unis et de l’Asie.
L’économie hexagonale est tirée par une consommation dynamique, malgré des investissements moroses. La consommation française se révèle supérieure à l’évolution des revenus des ménages, ceux-ci puisant dans leur épargne pour satisfaire leurs envies. Un appétit limité par la profondeur du bas de laine !
Logement collectif : 20 %
Le dynamisme hexagonal est en partie tiré par le BTP qui affiche une croissance inattendue. Certes, les experts Marco de Développement Construction, ou la DAEI (ministère du Logement) annonçaient des bons résultats pour 2004, mais sans commune mesure avec les performances réalisées. Même révisées en cours d’année, les prévisions 2004 de la DAEI étaient en deçà du réalisé. Le développement du logement neuf a surpris. Le dernier recensement du ministère du Logement pour 2004 comptabilise 460 000 permis de construire ( 22,2 %) et 362 887 logements mis en chantier ( 15,6 %). « Ce niveau dépasse très largement celui de 1999, point culminant des dix dernières années avec près de 317 000 unités », commente le ministère. Le secteur du logement collectif a, cette année, enregistré une forte hausse ( 19,6 % de mises en chantier). Les mises en chantier de logement en résidence (maison individuelle) ont progressé de 12,2 %. Au dernier trimestre, le nombre de logements construits confirme la tendance (14,7 %) mais s’accompagne d’une nette accélération des maisons individuelles ( 56,9 %). Un facteur favorable au négoce !
Le non résidentiel (bureaux, commerces, entrepôts) se porte nettement moins bien. Le ministère enregistre une hausse de 2,5 % des mises en chantier.
Limitée à 2 % de croissance depuis le deuxième trimestre 2002, l’activité « rénovation du logement » enregistre une nette accélération courant 2004. La Capeb annonce une croissance 2004 de 4,4 %.
Pour compléter ce panorama du marché, ajoutons que le bricolage connaît pendant ce temps un ralentissement. Selon l’Observateur Cetelem (voir actualité p. 18), sa croissance 2004 se limite à 2,9 % et, selon la Banque de France, celle des GSB stagne à 2,3 %.
Profitez de 2005
Pour 2005, l’ensemble des marchés de la distribution Bâtiment devrait continuer à bien se porter. Selon l’étude Marco de Développement Construction, qui a le mérite d’avoir une vision prudente de l’évolution des marchés, le Bâtiment devrait connaître en 2005 encore un haut niveau d’activité avec une croissance légèrement moins forte. « Ainsi, en 2005, le marché pris dans son ensemble ne devrait pas se situer en deçà des 370 000 logements commencés, dont 355-360 000 logements ordinaires ( 2 à 3 %) », prévoient notamment ses auteurs. Ils annoncent par contre une croissance du non résidentiel supérieure à 2004.
L’horizon 2006 apparaît en revanche plus chargé d’interrogations. L’évolution spectaculaire du coût de la construction et du prix de l’immobilier ne risque-t-elle pas d’entraver la capacité des ménages à investir dans la pierre ? 3 3
3 3 Les moyens financiers des mêmes ménages vont-ils leur permettre de conserver leur niveau de consommation ? La TVA à 5,5 % sera-t-elle maintenue ?
Négoscope : 5,9 %
Les derniers mois de 2003 laissaient entrevoir une belle année 2004 : elle est exceptionnelle. Le CA de la distribution a gagné 5,9 %. Seules les deux dernières années du millénaire précédent avaient dépassé cette performance ( 7 % ; 8,5 %).A cette parenthèse près, depuis sa création en 1990, le Négoscope n’a jamais enregistré de tels résultats. En dix ans, la distribution Bâtiment a vu son chiffre d’affaires s’accroître de 50 %. Il est vrai que 1993 était le fond d’une crise qui, depuis 1991, secouait le BTP hexagonal.
Toutes les régions françaises profitent de cette croissance. Naturellement, les zones portées par la démographie (essentiellement les régions côtières) bénéficient d’une activité plus forte. Mais l’écart avec les régions de l’Est s’est considérablement réduit durant l’année, comme nos abonnés ont pu lire dans notre lettre e.mail bihebdomadaire (Lettre n°114 du lundi 24 janvier 2005) que l’Ile-de-France et le Nord-Est progressaient de 4,5 %, le Sud-Est de 6,5 % et l’Ouest de 7,5 %.
Les panelistes interrogés par I C estiment par contre que leur marge reste étale. Les spécialistes décoration la jugeant même en baisse. Les hausses de prix annoncées par la Fipec leur permettront-elles de relever leur rémunération. S’il est un métier qui peut accepter les hausses de tarif, c’est bien celui de peintre : les matières premières ne représentent que 15 % du coût des travaux.
Très en retard par rapport à leurs confrères, les négociants en décoration rejoignent peu à peu la tendance moyenne de la distribution Bâtiment. Avec 10 % en décembre, ils affichent même le meilleur taux de croissance mensuel. Très logiquement, les grossistes bénéficient avec un effet retard, du boom de l’activité bâtiment. En collectif comme en résidentiel, ils fourniront les finitions de chantier. En maison individuelle, par contre, il est possible que les ménages privilégient le faire soi-même.
Les matériaux,grands gagnants 2004
Comme l’an dernier, les négociants en matériaux sont les grands gagnants de l’année 2004. Une fois de plus, ce sont eux qui tirent le Négoscope avec une croissance de 6,9 % sur l’ensemble de l’année. Si on prend comme base l’étude Négoce 2004 de Développement Construction qui annonçait un négoce de matériaux à 13,2 Md
de CA en 2001, le négoce de matériaux tutoierait aujourd’hui les 15 MdE.
Mine de rien, les négociants en bois ont su, pour leur part, profiter au mieux de la demande. Après une année 2003 achevée sur le mauvais score de -1 %, ces spécialistes finissent 2004 avec une croissance de 3,8 %. En d’autres termes, leur trajectoire est similaire à celle des matériaux. Malgré une conjoncture aléatoire, ils sont parvenus en dix ans à accroître leur CA de 27 %.
Les grossistes sanitaire-chauffage se calent depuis quelques années dans la bonne moyenne de la distribution Bâtiment. Ils finissent donc l’année à 5,6 %, réalisant ainsi la deuxième performance du secteur. Après avoir marqué un net palier en 2002, ils renouent avec la croissance : 56 % de chiffre d’affaires par rapport à 1993.