« Pour les jeunes femmes qui ont des difficultés à trouver des stages, nous nous engageons à vous en trouver un ». C’est par cette proposition ô combien alléchante que Philippe Bonnave, le président de Bouygues Construction, ponctuait, en fin de semaine dernière, la journée spéciale « Smart City » organisée par l’association Elles Bougent, sous les acclamations et les cris d’une centaine de jeunes collégiennes et lycéennes franciliennes réunies dans un des amphithéâtres de l’ESTP Cachan.
L’association présidée par le n°1 du major français, organisait pour la première fois une opération nationale dédiée uniquement au secteur du BTP. Au total, 500 jeunes femmes réparties dans 9 villes françaises (Paris, Lille, Nancy, Rouen, Grenoble, Montpellier, Nantes, Orléans et en Guadeloupe) ont été invitées à visiter des chantiers de construction/rénovation de bâtiments ou d’infrastructures, des sièges sociaux, des showroom et des démonstrateurs. « L'objectif de l'événement est de donner aux participantes l'envie et l'ambition d'intégrer les secteurs de la construction et du bâtiment, expose Parie-Sophie Pawlak, présidente et fondatrice de l’association Elles Bougent. Il s'agit de leur montrer que c'est possible, à travers l'exemple concret des marraines « Elles bougent » qui les ont accompagnées toute au long de la journée ».
Casser les stéréotypes
A travers cette journée « porte-ouverte », l’association Elles Bougent, le monde universitaire ainsi que les grands groupes du BTP, de l’énergie et de l’industrie qui se sont mobilisés – Vinci, NGE, Colas, Schneider Electric, EDF, Engie, Veolia – tentent d’attirer les étudiantes vers les filières d’ingénieur, aujourd’hui largement trustées par leur homologue masculin (2% des ingénieurs BTP sont de sexe féminin), et de casser les stéréotypes persistants laissant croire que le critère de la force physique prédomine. Au-delà de la nécessité d’améliorer la parité dans le monde professionnel, les besoins en recrutement sont amenés à se multiplier dans les prochaines années.
Face à cette conjoncture économique favorable, l’association Elles Bougent alerte toutefois sur le risque de se retrouver en pénurie de talents, surtout chez les ingénieurs et dans les fonctions techniques. La construction du Grand Paris, notamment, pourrait faire appel à 22 000 personnes supplémentaires à l’horizon 2020.
Créer de nouvelles vocations et inciter les jeunes filles à franchir le pas, ce fut tout l’enjeu de cette journée qui s’est achevée au sein de l’ESTP à Cachan, la grande école d’ingénieur des Travaux Publics, elle-aussi confrontée à la même problématique avec seulement 30% d'étudiantes dans la promotion 2018. Une centaine de collégiennes et de lycéennes franciliennes se sont succédé sur l’estrade, devant un jury composé de cadres issus de grandes entreprises.
"Il y a beaucoup de femmes dans la construction"

A l’aide d’un petit texte griffonné à la main, la voix timide pour certaines, assurée pour d’autres, les jeunes femmes ont raconté à leur manière le déroulé de la journée. Les étudiantes du lycée Le Corbusier à Poissy (Yvelines), par exemple, ont exposé les différentes briques de la « ville intelligente » (éclairage, mobilité douce, sécurité) que les équipes de Citelum, filiale d’EDF, leur avaient détaillés. Une poignée d’étudiantes du lycée professionnel Pierre Mendès-France a assisté au chantier de la construction du bâtiment de bureaux « Moods » situé à Saint-Denis.
Rencontrées lors du goûter organisé par l’association Elles Bougent, les jeunes femmes sont apparues enchanter par la visite et optimistes pour la suite de leur aventure professionnelle. « Ce qu’il m’a plus, c’est de constater qu’il y a finalement beaucoup de femmes qui exercent dans la construction, raconte Cindy Blancot, 17 ans, actuellement en bac pro Technicien Menuiserie-agenceur. « Nous n’avons pas la chance de rencontrer des femmes dans le bâtiment, ajoute Mélissa Akbayir qui suit le même cursus. « Les hommes que nous côtoyons sont parfois réticents à l’idée de travailler avec des femmes car ils ont peur qu’il nous arrive quelques chose, que nous ne puissions pas porter une lourde charge et pourtant nous sommes les premières de notre classe (ndlr : avec Cindy Blancot) et nos professeurs sont très contents ».

Une classe de 4e du collège Fernande Flagon de Valenton (Val de Marne) a visité le chantier de modernisation de la gare Montparnasse. Avec application et sérieux, les collégiennes Val de Marnaises ont rappelé les principaux enjeux du projet (optimisation de l’espace, rénovation des façades), les normes de sécurité à respecter et les contraintes techniques d’une opération en site occupé. Dans l’Est de l’Ile-de-France, une autre visite a permis à des lycéennes de Seine-et-Marne de mieux comprendre le rôle et le fonctionnement du tunnelier chargé de la construction de la ligne 15 à Noisy-le-Champs.
Le premier prix du jury a été décerné aux élèves du Lycée René Descartes de Champs-sur-Marnes qui ont reçu comme récompense des enceintes Bose et une invitation individuelle pour participer à l’émission télévisée The Voice.
Très impliqué dans l’opération, Bouygues Construction a organisé plusieurs visites en Ile-de-France et en Province : démonstrateur de la ville de Dijon, construction de l’immeuble de bureaux Moods à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Prolongement de la ligne 14, siège de Bouygues Construction à Saint-Quentin-en-Yvelines.