A Tours, au sein de l’école élémentaire Frédéric Mistral, le thermomètre affichait 37 °C dans l’une des salles de classe lors des fortes chaleurs de ce début juillet. Si les communes avaient cette fois-ci invité les parents d’élèves à garder les enfants au domicile, ces épisodes vont se répéter dans les années à venir. Des mesures doivent donc être prises, en attendant que soient rénovés les 40 000 groupes scolaires de France. C’est de ce postulat qu'a été mis en place le projet de recherche-action Racine, soutenue par le programme Action des collectivités territoriales pour l’efficacité énergétique (Actee +).
Piloté par Amaury Fievez, ingénieur doctorant aux Mines Saint Étienne et chargé de recherche à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), il vise à éprouver les conditions organisationnelles nécessaires à la mise en place de démarches low-tech pour adapter les écoles publiques face aux vagues de chaleur. « Se préserver de la chaleur, nous savons le faire, soutient le chercheur. Il suffit de s’inspirer des habitats du sud dotés de larges murs en pierre et de petites ouvertures lorsqu’elles sont exposées au soleil. À mon sens, le point de blocage dans la gestion du confort d’été est plus social que technique », explique-t-il.
Protection, évacuation, ventilation
Dès lors, quels sont ces freins sociaux et comment les lever pour protéger nos enfants ? Racine propose d’abord d’observer ce qu’il s’y passe, en équipant de mai 2025 à décembre 2026 15 écoles de différentes typologies de l’hexagone (hormis la Bretagne et la Normandie, qui n’ont pas eu le temps de déposer de dossier) d’une dizaine de capteurs de température, d’humidité et de CO2. À partir de là, des expérimentations seront menées en parallèle avec la mise en œuvre de solutions réelles, basées sur ce triptyque :
- « La première solution consiste à se protéger du soleil pour éviter qu’il ne pénètre à l’intérieur du bâtiment », rappelle le chercheur. Casquette, persienne, volets… tout est bon à prendre, y compris la simple utilisation d’une couverture de survie.
- Deuxième solution, bien connue elle aussi, évacuer les calories la nuit pour démarrer la journée le plus au frais possible, sans le cumul de chaleur de la veille. Quid des risques d’intrusion ? Pour le chercheur, « ce sont sur des points clés sur lesquels nous devons proposer des solutions. Peut-être faut-il revenir au gardiennage, ou équiper les fenêtres de volets anti-intrusion ? Tout un discours à porter auprès des ministères. S’il existe des alertes Vigipirate, qu’en est-il des alertes canicules ? »
- Le troisième point vise à maximiser l’installation de ventilateur ou de brasseurs d’air. Économiques et de faible consommation, ils permettent d’abaisser la température ressentie d’une salle. Et pourquoi pas une salle refuge en cas de fortes chaleurs. Idéalement, le thermomètre n’y dépasserait pas les 28 °C.
« La climatisation à foison pour lutter avec encore plus d’énergie alors même que les sujets de contraintes énergétiques sont de plus en plus présents ne peut pas être une solution », martèle Amaury Fievez.
La mise en œuvre de ces dispositifs, portée par une personne référente - comme un économe de flux, un technicien, un directeur d’établissement ou même un élu - sera suivie dans le cadre de ce programme de recherche expérimentale, afin qu’à terme la méthodologie puisse être accessible et diffusée au plus grand nombre.
L’enveloppe allouée au projet est de 250 000 euros (hors travaux). Peut-être sera-t-il suivi d’une deuxième saison.