Interview

Comité national du trait de côte : « A l’issue de la concertation, nous aurons une solution financière », Sophie Panonacle, présidente

Présidente du bureau du Conseil national de la mer et des littoraux (CNML) et du Comité national du trait de côte (CNTC) - installé ce 14 mars -, Sophie Panonacle est également députée Renaissance de la 8e circonscription de Gironde.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Sophie Panonacle, députée Renaissance de la 8e circonscription de Gironde, présidente du bureau du Conseil national de la mer et des littoraux (CNML) et première présidente du Comité national du trait de côte (CNTC) - installé ce 14 mars 2023. A l'image, 17 juin 2019, lors du lancement de la 1re édition de la Fête de la mer et des littorauxà l’hôtel de Lassay à Paris VIIe.

Le Comité national du trait de côte, qui va mener durant un an une concertation, vient d’être installé par Bérengère Couillard, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Ecologie. Quels sont ses objectifs ?

Le premier objectif est de réaffirmer la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte, mise en place en 2012 et révisée en 2017. Le second est extrêmement important puisqu’il s’agit du soutien financier qui va permettre aux territoires littoraux de s’adapter au changement climatique, de travailler sur leur recomposition spatiale pour envisager des relocalisations. Cette mesure sera inscrite au projet de loi de finances 2025, qui sera voté en 2024. Enfin, le dernier – qui découle des deux premiers - vise à se pencher sur cette fameuse liste des communes prioritaires qui permet de mettre en place une cartographie (financée à 80 % par l’Etat) pour ensuite espérer bénéficier du soutien de l’Etat dans le cadre d’une stratégie d’adaptation. Aujourd’hui sur les 864 communes identifiées, 126 uniquement en font partie. Il s’agit de leur redonner confiance et de les convaincre. Mais je ne suis pas inquiète, lorsque nous aurons apporté des solutions de financement, ces communes rejoindront la liste d’elles-mêmes.

Image d'illustration de l'article
Bérengère Couillard, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Ecologie (à gauche) et Sophie Panonacle, première présidente du CNTC, installé le 14  mars 2023 Bérengère Couillard, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Ecologie (à gauche) et Sophie Panonacle, première présidente du CNTC, installé le 14  mars 2023

Pourquoi se montrent-elles réticentes à intégrer cette liste ?

A partir du moment où elles en font partie, elles doivent mettre en place une étude de leur territoire ; elles s’inquiètent de savoir si l’Etat ne leur imposera pas des mesures liées à ces études. Car aujourd’hui, elles n’ont pas de financement pour la mise en place de mesures éventuelles.

« Nous n’attendons plus que les financements »

Les stratégies et les dispositifs existent, l’attente des élus porte donc surtout sur le financement…

Oui, nous n’attendons plus que les financements pour mettre en place tout ce qui va être repris ou non dans la loi. J’avais notamment proposé ce fameux fonds « érosion côtière » avec la création d’une taxe additionnelle de 0,01 % sur les droits de mutation. C’est ouvert, c’est une idée parmi d’autres qui va être étudiée.

Qui siège au sein de ce comité ?

Il compte 56 membres répartis dans cinq collèges différents : l’Etat, des élus, des experts, des représentants des acteurs socio-économiques et des particuliers, ainsi que des associations de protection de l’environnement. L’idée est d’arriver à un programme budgétaire spécifique au financement de l’adaptation des territoires face à l’érosion, à la submersion marine et à l’élévation du niveau de la mer, car ces trois phénomènes sont totalement liés. Nous pourrions faire ainsi appel aux régions, aux départements et – même si elle n’est pas représentée - à l’Europe via ses crédits. L’érosion côtière n’est pas un problème français, c’est mondial.

L’installation de cette entité n’arrive-t-elle pas trop tard ?

Elle s’est fait attendre, mais ça n’est jamais trop tard. Quoi qu’il en soit, il y a urgence aujourd’hui à travailler et à prendre des décisions, c’est évident. J’ai démarré le travail sur ce sujet il y a six ans ; et malgré les dispositifs que j’avais proposés, repris dans la loi Climat et résilience, nous sommes toujours bloqués sur ce problème de financement. Les experts vont nous fournir des données très précises quant au nombre de biens menacés et une estimation des besoins financiers. Avec ces éléments, nous allons pouvoir adapter les modes de financement.

« Il faut être très précis, savoir quoi, où et combien »

Ces éléments sont déjà connus…

Il y a, certes, les biens des particuliers - à ce jour pas concernés par les indemnisations de l’Etat -, mais également les infrastructures, les routes, les stations d’assainissement, etc. Il faut être très précis ; savoir quoi, où et combien. En fonction de ça, on trouve les moyens qui seront inscrits au projet de loi de finances 2025. A l’issue de cette concertation, nous aurons une solution financière. On ne peut plus attendre. J’étais hier, dans le cadre d’une mission forêt, sur la plage du petit Nice (Gironde) : à marée haute, il n’y a plus de plage, ce qui constitue un vrai danger pour les promeneurs ; le poste de secours des maîtres nageurs sauveteurs qui a déjà été déplacé deux fois, doit l’être encore. Même chose sur la côte rocheuse d’Etretat en Normandie où des pans de falaises tombent, alors qu’il y a des maisons. Il y a une urgence totale. Nous devons aboutir.

Quelle est la nouveauté de ce comité ?

C’est de mettre tout le monde autour d’une table. C’est la raison pour laquelle je me suis laissée convaincre de l’intérêt de cette concertation. Auparavant, je travaillais d’un côté avec les services de l’Etat, de l’autre avec les élus. Au sein du CNTC, nous avons le Cerema, le BRGM, l’EPF, la conchyliculture, les chambres de commerce et d’industrie, les chambres d’agriculture, la fédération française de l’assurance France Assureur, les métiers et des industries, de l’hôtellerie, l’hôtellerie de plein air… Des gens directement impactés par ce problème. Les campings, notamment : comment relocalise-t-on un camping ? Quel soutien lui apporter ? Nous avons essayé de ratisser large afin que tout le monde soit représenté et que la solution qui en découlera soit pertinente pour tous.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires