Des félicitations dans un contexte particulier, c'est le sens du communiqué diffusé ce 16 avril par le comité de crise sur les délais de paiement. Cette instance, co-animée par Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises et Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit, réunit chaque semaine depuis le 23 mars les organisations socio-professionnelles (Afep, CPME, Medef, U2P) avec l’appui des chambres consulaires et de la DGCCRF. Au vu des données déjà recueillis, le comité a décidé de complimenter certaines entreprises tout en soulignant que les incidents de paiement demeurent nombreux et ne cessent de se multiplier.
Délais de paiement accélérés...
« Certaines entreprises ont fait de la solidarité économique l’arme la plus efficace pour lutter contre les conséquences de la crise », applaudit le comité de crise. Qui a déjà identifié, et les nomme, conformément à sa politique de "name & fame", dix entreprises exemplaires pour avoir mis en place un paiement accéléré de leurs fournisseurs : Bouygues Telecom, Danone, EDF, Enedis, Illiad Free, Jouve, L'Oréal, Orange, Sodexo et Système U. Pas encore de grands noms du BTP...
... et multiplication d'incidents de paiement
Mais par rapport à mars 2019, les incidents de paiement ont triplé et s'élèvent à un montant d'environ 270 millions d'euros, relève également le comité de crise. Cette augmentation s'explique par les fermetures d'entreprise ou les problèmes d'acheminement du courrier ne permettant pas la validation des ordres de paiement domiciliés, indique-t-il. Mais aussi par le fait de certaines sociétés qui préfèrent conserver de la trésorerie en ne réglant pas leurs fournisseurs. Dans le même temps, le nombre de sollicitations et de médiations adressées au médiateur des entreprises chaque semaine a été multiplié par 10 (on en recensait près de 700 par exemple pour la dernière semaine de mars).
La cible du comité : les entreprises à fort impact structurel
Dans la ligne de mire du comité se trouvent les entreprises ayant une influence forte sur la situation économique française. Il est intervenu auprès d'une dizaine d'entre elles (dont les achats représentent plusieurs centaines de millions d'euros), aboutissant à la prise d'engagements concrets et à l'évolution des comportements. Le médiateur des entreprises, quant à lui, s'occupe comme à l'ordinaire des situations concernant des acteurs de plus petite taille.