COLBOC FRANZEN & ASSOCIÉS CENTRE SOCIAL LILLE

En superposant les programmes du centre social et en démultipliant les volées d’escaliers, les architectes ont conçu une forme atypique qui se développe librement autour d’un noyau central.

Réservé aux abonnés

Inscrit dans un programme ANRU, le centre social est implanté dans le prolongement de deux rues anciennes. La création du parvis amorce la reconfiguration des îlots avoisinants. Les architectes ont fait le choix de ménager un grand jardin (non encore planté) et de bâtir l’essentiel du programme sur une surface restreinte : un carré de 27 m de côté. Le contrepoint de ce parti est le développement du bâtiment en hauteur. Pas moins de cinq niveaux sont desservis, entre le sous-sol qui reçoit le parking du personnel et le R 3. Un logement de fonction avec sa terrasse privative occupe l’angle sud-est du toit, alors qu’à l’ouest une grande terrasse offre une vue sur le quartier en devenir. Ce belvédère est le point d’orgue d’un parcours hélicoïdal qui se déploie tout le long des façades. En effet, le centre social se singularise par les grandes volées d’escaliers extérieurs qui entaillent le gabarit général du projet. Non seulement les emmarchements se déploient sur des largeurs pouvant faire office de gradins improvisés, mais surtout ils mettent en relation les différentes terrasses extérieures, abritées à l’est et au nord, ou découverte pour celle en belvédère. Ce parcours laisse entrevoir la superposition programmatique. À l’évidence de laisser les espaces d’accueil des plus petits en rez-de-chaussée, les concepteurs et les utilisateurs ont ajouté des dispositions plus originales. D’une part, de nombreuses salles non dédiées sont ménagées à chaque étage. D’autre part des ateliers spécifiques sont équipés avec minutie pour présenter une efficacité réelle (tables de couture branchées sur prises de sol, cuisine pédagogique étirée sur plusieurs mètres de long…). Enfin, la salle polyvalente présente une isolation acoustique de haute performance de sorte à accepter un usage festif intense. Monté au deuxième étage, son plancher est posé sur des boîtes à ressorts, alors que ses façades vitrées sont en double peau pour mieux s’isoler des bruits extérieurs, et vice-versa…

L’atrium, allégorie de l’arborescence

Pour les architectes, les compositions d’espaces, comme les choix de prescriptions, ont été le résultat d’un dialogue constant avec les utilisateurs. Ces échanges ont pérennisé la procédure de concertation mise en place dès 2006 par le maître d’ouvrage et la direction du centre social. La demande initiale d’intégrer un arbre centenaire dans le projet s’est concrétisée par la mise en forme d’un tronc de béton, supportant les différents planchers en porte-à-faux. Le volume développé sur un plan carré s’anime de grandes fenêtres triangulaires qui évoquent en effet les ombrages possibles à travers les branchages. Mais au-delà de l’allégorie, l’espace créé est un atrium d’une force réelle, rendue prégnante par la matière brute du béton apparent. Il acquiert une complexité piranésienne par les vues obliques multiples qu’il génère. Et les volées de l’escalier encloisonné qui le ceinture offrent autant de points de vue remarquables entre chaque section du bâtiment. Ainsi, le thème de la promenade architecturale intérieure complète-t-il le parcours des grandes (en)volées extérieures… Le gain inattendu d’un tel dispositif spatial se révèle par la générosité des bibliothèques qui, une fois gradinées, deviennent aussi de véritables amphithéâtres polyvalents. Sans invoquer littéralement la conception koolhaassienne, les architectes de CFA déroulent ici un fil d’Ariane qui n’est pas sans rappeler la structure de l’ambassade des Pays-Bas à Berlin. La peau d’aluminium du centre social achève de nourrir le parallèle entre les projets. La tôle à ondes carrées (2 x 2 cm) présente une vibration, parfois accentuée par les perforations des surfaces formant brisesoleil, qui contrastent avec la surface lisse des pans de verre agrafé. La vibration des vêtures et le calepinage particulier des baies participent alors à transcender la stratification des niveaux superposés.

LIEU : quartier de l’Arbrisseau, Lille (59)

MAITRE D’OUVRAGE : Ville de Lille

MAITRISE D’OEUVRE : Benjamin Colboc, Manuela Franzen, Arnaud Sachet, architectes ; Ulrich Faudry, Malik Hammadi, Kerstin Heller, Bruno Sarles, Emmanuel Villoutrex, Lena Weiss, collaborateurs ; C&E Ingénierie, BET structure ; Inex, BET fluides et HQE ; Michel Forgue, économiste ; Jean-Paul Lamoureux, BET acoustique

PROGRAMME : espace PMI (Protection maternelle et infantile) ; multi-accueil (crèche de 25 berceaux) ; centre de loisirs, espace 6-12 ans, espace 12-16 ans ; salle polyvalente ; espace adulte : dessin, couture, cuisine pédagogique ; administration ; logement de fonction ; jardin et terrasses en belvédère.

SURFACE : 1 774 m2 SHON, 1 190 m2 utiles

CALENDRIER : concours, octobre 2007 ; démarrage chantier, 2010 ; livraison, rentrée 2011

COÛT : 4 076 000 € HT

ENTREPRISES : Eiffage Construction Lille Métropole

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires