Colas mise sur l’international pour compenser le tassement prévu en France

Dans un environnement économique difficile, Colas a réussi en 2013 à maintenir son niveau d’activité et à améliorer légèrement sa profitabilité. Pour 2014, sans illusions sur le marché français, la filiale routière du groupe Bouygues veut améliorer ses performances à l’international.

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Hervé Le Bouc, P-DG de Colas

A la lecture des chiffres, l’exercice 2013 de Colas ressemble à s’y méprendre à celui de 2012. Le chiffre d’affaires est stable à 13,049 milliards d’euros tandis que le résultat opérationnel courant progresse de 2,7% (à 417 millions) et le résultat net (part du groupe) de 3,3% à 312 millions. Les marges restent donc sous pression, s’établissant  à 3,2% pour l’opérationnelle et 2,4% pour la marge nette. «Notre activité est en légère progression en France et en léger retrait à l’international», a commenté Hervé Le Bouc, P-DG du numéro un mondial de la construction routière, précisant qu’une partie de cette moindre performance hors de l’Hexagone s’expliquait par un effet de change négatif de près de 200 millions d’euros, «compensé que partiellement par l’apport de la croissance externe». Rappelons qu’en 2013, Colas s’est développé en Australie en acquérant la société Tropic Asphalts (production d’enrobés et travaux routiers ; CA annuel : 80 millions d’euros) et au Canada avec l’achat de Furfari Paving (production d’enrobés et travaux routiers ; CA annuel : 50 millions d’euros). «Cette première implantation en Ontario renforce nos positions -nous sommes désormais présents presque partout - et surtout, il s’agit d’une province à fort potentiel économique puisqu’elle porte 40% du PIB canadien».

En France, la réorganisation a porté ses fruits…

En France, Hervé Le Bouc qualifie les résultats 2013 de «solides» et se réjouit du succès de la nouvelle organisation lancée fin 2012 (unification sous la seule bannière Colas et organisation autour de 7 filiales régionales). «La mise en place a été réalisée en un temps record et les gains de productivité attendus sont au rendez-vous» a-t-il indiqué sans entrer plus dans le détail. De sorte que la politique d’investissements d’exploitation, même si elle ne concerne pas que la France, sera plus dynamique qu’en 2012 et 2013 «pour répondre aux besoins du carnets de commandes et pour maintenir la compétitivité des outils de production».

Du bilan 2013, le P-DG de Colas retient la livraison avec 7 mois d’avance de l’autoroute A63 dans les Landes (société concessionnaire Atlandes, concession de 40 ans, Colas actionnaire à 16,6%, ndlr) ainsi que l’activité soutenue en travaux ferroviaires. En revanche, il ne peut que constater la faiblesse du marché routier traditionnel, «notamment dans les zones rurales, compensée pas des opérations de transport en commun et d’aménagements urbains qualitatifs (tramways, bus à haut niveau de service…)».

… mais pas de miracle à attendre pour 2014

Pour 2014, pas de miracle à attendre. D’abord à cause des élections municipales traditionnellement défavorables au secteur (les communes représentent 45% de la clientèle pour Colas). Et même si la commande des intercommunalités atténue la cyclicité de l’activité, «avec la baisse des dotations de l’Etat, la suspension de l’écotaxe et le souci de désendettement des élus, nous ne pouvons qu’anticiper un marché français en recul». Colas est candidat aux projets de concession autoroutière (dont l’A45 Lyon/Saint-Etienne et le Contournement de Strasbourg relancés récemment, voir notre article) et verrait d’un bon œil la concrétisation du «Plan de relance autoroutier», décortiqué actuellement par les autorités européennes et qui prévoit une part réservataire de travaux aux entreprises qui ne sont pas liées aux exploitants d’autoroutes. Au programme aussi dans les prochains mois : la construction de la Nouvelle Route du Littoral à la Réunion.

A l’international, des hauts et des bas

Au rang des satisfactions à l’international pour 2013, Hervé Le Bouc retient notamment les contrats obtenus pour la construction de sections autoroutières en Europe centrale (3 en Hongrie, 1 en Slovaquie) ainsi que le PPP pour la modernisation de l’aéroport international d’Iqaluit au Nunavut (Canada).

Dans d’autres zones géographiques, la filiale de Bouygues a connu une année 2013 plus difficile. En Europe, ce fut le cas notamment en Roumanie où l’activité a été volontairement limitée à la production et la vente de matériaux de construction. Et en Pologne avec l’effet post-Euro de football. «Beaucoup d’entreprises qui s’étaient implantées avant l’événement sont toujours là, constate Hervé Le Bouc. La concurrence s’est donc accrue avec une forte pression sur les prix».

Barack Obama a-t-il relancé l’activité ?

En Amérique du Nord, Colas a connu des difficultés dans la réalisation de plusieurs contrats de génie civil «qui ont entraîné des pertes de chantier significatives», a déploré le P-DG de Colas. «Nous avons donc décidé d’achever les contrats déficitaires et de nous recentrer sur les métiers de la route pour retrouver une profitabilité satisfaisante». Le redémarrage du marché routier traditionnel – plus lent que prévu – pourrait être un élément favorable. En effet, en 2012 après plusieurs mois de paralysie budgétaire, Barack Obama signait le «Highway Bill» et débloquait ainsi le cofinancement des projets routiers par l’Etat fédéral. Mais contrairement aux attentes, la reprise du marché n’a pas été significative en 2013 et les dirigeants de Colas pensent qu’elle interviendra cette année.

Terminons ce tour d’horizon par le Maroc où malgré le gain de la conception-construction de la LGV Tanger-Kenitra, l’année 2013 n’a pas été réjouissante. Pour Hervé Le Bouc, «c’est une grande déception, l’activité a baissé de 30%. Nous avons pris des mesures de restructuration dont les effets positifs se sont faits sentir au second semestre». Interrogé sur les tensions diplomatiques actuelles entre le royaume et la France, le P-DG de Colas estime qu’elles n’auront pas d’impact sur l’activité, en général, et sur la LGV Tanger-Kenitra, en particulier, dont les travaux «démarreront dans les prochains jours».

Au global, Colas s’attend à une année 2014 sans relief avec un léger repli en France métropolitaine et un léger mieux à l’international.

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