Au cœur du dispositif de chauffage central par eau chaude, la chaudière a représenté pendant le XXe siècle un symbole de l’accession au confort individuel. Cependant, le marché de la chaudière a été malmené ces dernières années et s’est énormément réduit au profit du chauffage électrique par effet joule.
La Réglementation Thermique (RT) 2005 a encore accentué ce déclin en pénalisant les équipements émetteurs de CO2, et notamment les chaudières gaz et fioul. Ces dernières années, ces équipements étaient quasiment absents des constructions individuelles neuves, au profit des ENR, pompes à chaleur et solaire en tête. L’année 2011 confirme ce constat, puisqu’une baisse de 6% a été relevée entre janvier et octobre 2011 pour la chaudière individuelle.
Néanmoins plusieurs éléments contredisent la thèse d’une mort programmée de la chaudière. Il faut rappeler que celle-ci a été pendant longtemps le dispositif central du marché de la thermique, 12 millions d’appareils sont installés et en fonctionnement, dont le tiers a plus de 20 ans et augurent un marché du renouvellement très important.
Même la chaudière au fioul, qui connait une période encore plus difficile malgré les dispositifs incitateurs, pourrait connaitre un regain grâce au renouvellement de son parc existant évalué à 3,5 millions d’unités. A cela il faut ajouter l’évolution du cadre règlementaire, la RT 2012, qui resitue la chaudière à gaz comme une solution crédible dans les bâtiments basse consommation. Au contraire de l’électricité qui se voit infligé un facteur de conversion de 2,58, les énergies utilisées par les chaudières, le gaz, le fioul domestique et le bois ont un facteur de 1 et constituent de fait une solution plus intéressante.
Les industriels et les négociants qui se sont adaptés à l’évolution du marché en proposant des équipements à énergie renouvelables ont connu de fortes méventes dans ces gammes ces deux dernières années. La perspective d’un regain du marché de la chaudière permettrait de reconsidérer la chaudière comme un point de stabilité au sein d’un mix-produit marqué par des fluctuations importantes. Avec notamment un produit fort, la chaudière à condensation, qui se vendraient à 400 000 exemplaires en 2012 selon les estimations de l’Ademe.
Plus précisément l’avenir de la chaudière passe par le gaz qui représente déjà 80 % des chaudières. Le marché du fioul a, quant à lui, atteint un point de résistance selon Claire Lentgen (Atlantic) et ne concerne plus le marché du neuf. De son côté, le bois représente encore un marché très étroit avec seulement 20 000 unités vendues en 2010. Il faudra encore quelques années pour voir à quel point le marché se recomposera, mais les indicateurs sur le segment BBC permettent d’apercevoir la tendance. Si avec la RT 2005 les solutions de chaudières représentaient seulement 18 % des choix d’équipements dans le neuf individuel contre 54 % pour l’effet joule, elles représentent maintenant 33 % des parts avec la nouvelle réglementation, contre 6 % pour l’effet joule.
La RT 2012 préconise tout de même le recours aux énergies renouvelables, ce qui conduit à envisager un couplage entre le gaz et les ENR, soit avec des appareils distincts, soit au sein d’une chaudière hybride (gaz + PAC ou solaire), des produits qui commencent à se développer.
