Construite en 1947, la piste 3 de l'aéroport d'Orly connaît actuellement d'importants travaux de rénovation. Cet ouvrage de 3,2 km de long montrait en effet des signes de vétusté. « Les assises des dalles commençaient à bouger et risquaient de se fractionner au passage d'un avion », illustre Sylvain Tailler, directeur de projets adjoint au sein de la maîtrise d'ouvrage déléguée du Groupe ADP.
Débuté fin juillet 2019, le chantier doit permettre de reconstruire un nouvel ouvrage en respectant un calendrier serré, avec seulement cent vingt jours d'immobilisation.
La partie ouest, très endommagée sur 2,3 km, connaît les travaux les plus spectaculaires. « Il s'agit de couper, de démolir et d'évacuer les éléments qui composent la structure de la piste, à savoir la couche de roulement et son assise, toutes deux en béton. En dessous, la couche de grave traitée au liant hydraulique a également été démolie, tandis que la dernière épaisseur en sablon a été retournée et tassée », détaille Cédric Pantel, directeur régional de Colas Ile-de-France Normandie.
Du matériel importé des Etats-Unis
« Afin de sécuriser les approvisionnements, nous avons fait livrer la totalité des matériaux entre janvier et juin 2019 », précise Sylvain Tailler. Du matériel a également été affrété spécialement pour ces opérations : des fractionneuses et des trancheuses sont arrivées de Belgique, d'Irlande et même des Etats-Unis. Au plus fort du chantier, en août et septembre, entre 600 et 800 personnes ont été mobilisées 24 h/24 et 7 j/7.
La première semaine de travaux, six brise-roches hydrauliques ont travaillé au coude à coude sur les 45 m de largeur de la piste pour casser rapidement les dalles de béton épaisses de 40 cm. Chargeuses et tombereaux ont ensuite évacué les 300 000 t de béton avant de laisser place aux terrassements.
Ceux-ci ont permis de remuer et de tasser 400 000 m3 de terre sur 130 cm de profondeur. « Afin d'éviter la génération de poussières problématiques pour les avions, nous avons utilisé des balayeuses et des brumisateurs », précise Fabrice Duprat, responsable du pôle maîtrise d'œuvre pour le projet d'infrastructures d'Orly du Groupe ADP.
Recyclage des bétons sur place
Une fois que le terrain a été nivelé, la réalisation de la nouvelle piste a pu démarrer. La partie ouest entièrement reconstruite est composée, en plus d'une assise et d'une couche de forme traitées, d'une dalle de graves traitées au liant hydraulique et de deux épaisseurs de grave bitume recouvertes d'un béton bitumineux aéronautique.
Pour réaliser les fondations de la piste, les équipes ont recyclé les bétons goujonnés de l'ancienne chaussée. Quelque 200 000 t ont été broyées sur place, puis retraitées au liant hydraulique. Un concasseur mobile a spécialement été utilisé, ainsi qu'une centrale à béton et une centrale de blanc.
« Pour gagner du temps et économiser des matériaux vierges, nous avons réutilisé les anciennes dalles de béton qui contenaient du silex, déjà très solide. La nouvelle piste bénéficie ainsi d'une sous-couche particulièrement robuste », poursuit Sylvain Tailler.
Les dernières couches d'enrobés sont en cours de mise en œuvre. La livraison est prévue le 2 décembre prochain.
Maîtrise d'ouvrage : Groupe ADP
Maîtrise d'œuvre : Groupe ADP
Entreprises : Colas Ile-de-France Normandie (mandataire), Colas Projects, Spie Batignolles-Valerian, JCDecaux Airport, Cegelec
Coût : 120 M€ HT
