Comme chaque année deux fois par an (en février et en juillet), des professionnels, issus des entreprises, ont participé le 2 juillet au jury d'examen qui sanctionne la formation de chef de chantier travaux publics. 27 salariés (dont trois en contrat de qualification) étaient présents lors de cette session ; 24 sont repartis avec leur certificat d'aptitude à la fonction de chef de chantier TP, titre homologué de niveau IV (niveau bac).
Longue de 780 heures, cette formation qualifiante contient trois options : terrassement VRD, routes VRD et ouvrages d'art. Elle fait partie de la filière « Encadrement de chantier TP » du CFC d'Egletons, totalement modularisée et qui va du chef d'équipe au conducteur de travaux. « A la demande de Colas, complète Jean-Pierre Muttelet, directeur du centre Sylvain Joyeux, nous avons initié une formation «Homme de base » , destinée au compagnon autonome sur le chantier et qui se situe en amont de notre filière encadrement ».
Rester lié aux entreprises
Ce lien étroit avec les entreprises du secteur, Jean-Pierre Muttelet y tient. « Plus que jamais, notre centre fonctionne comme vous, avec la même dynamique, expliquait-il le 2 juillet aux professionnels présents pour participer au jury d'examen. Nous avons une vision à court terme de notre activité. Sur la filière encadrement de chantier, nous manquons de financements alors que le potentiel existe ». Comme d'autres directeurs de centres, Jean-Pierre Muttelet pâtit de l'absence de fonds mutualisés, aggravée par la séparation entre l'Opca bâtiment et l'Opca TP. « Nous sommes obligés de nous débattre pour assurer le financement de nos stages qualifiants. En début d'année, précise-t-il, nous avons eu de l'Opca TP une aide finançant douze places pour le stage chef de chantier TP. Une entreprise avait deux salariés à proposer, mais elle dépendait de l'Opca bâtiment. L'Aref a dû demander à celui-ci une enveloppe pour financer ces stages. Finalement, parmi les 27 stagiaires chefs de chantier TP, deux sont ressortissants de l'Opca bâtiment », souligne-t-il.
Trois sources alternatives de financement
Pour faire face à la pénurie des fonds mutualisés, trois principales sources alternatives de financement existent. Le recours au congé individuel de formation tout d'abord. « Cela commence à venir, convient Jean-Pierre Muttelet, pour autant que le salarié adresse sa demande au Fongecif deux à trois mois avant le début du stage ». Autres sources, l'alternance via les contrats de qualification, ou le capital temps de formation (CTF). « Grâce à la modularisation de nos formations, nous pouvons utiliser le CTF. Mais là aussi, l'argent manque. Au 31 mai 1998, 70 % des fonds disponibles ont été engagés par l'Opca TP. Sur l'Ile-de-France, 100 % le sont déjà. En septembre, nous ne savons pas si nous aurons du CTF ». Faute de fonds disponibles à l'Opca TP, les centres de la profession se tournent vers d'autres Opca, tels Habitat formation (habitat, aménagement urbain, cadre de vie... dont dépendent par exemple ASF, Scetauroute...) ou le Faf-TT (l'Opca du travail temporaire). « Nous travaillons avec les entreprises de travail temporaire qui forment des salariés à la demande des entreprises du BTP ». Le centre développe avec Adecco une formation de mineur boiseur de 562 heures avec des intérimaires pour le compte de Perforex ; il vient d'achever une formation de quatre jours de tireur d'enrobés au râteau avec Manpower et doit lancer une nouvelle session avec Adecco.
Depuis trois ans, les huit directeurs de centres de formation TP (1) se sont réunis sous l'égide de la FNTP pour mettre leurs moyens en commun et inciter les entreprises à faire appel à leurs services pour la formation de leur personnel. « A nous d'être mobiles », est convaincu Jean-Pierre Muttelet, qui essaime à la rentrée sa formation chef de chantier TP dans d'autres lieux (voir encadré).
(1) Le CFC d'Egletons, le centre Emile Pico à Mallemort, le CPO d'Orcemont, le centre du SNBati à Villejuif, l'IF-BTP Rhône-Alpes à Dardilly, Formapelec, l'Afor-TP à Montreuil et le centre de Faulquemont.