Jusqu’à peu, les entreprises n’avaient pour seul but que de réaliser des bénéfices. Ce principe était gravé dans le marbre par l’article 1832 du Code civil.
Avec la nouvelle loi Pacte, les entreprises peuvent ajouter dans leurs statuts l’idée de « gestion dans son intérêt social, en prenant en compte les enjeux sociaux et environnementaux de son activité ». Elles deviennent alors des « entreprises à mission ».
Quelques pionniers comme Danone, la Camif ou Yves Rocher se sont déjà engagés dans cette voie. Dans le BTP, ces pionniers sont le groupe d’immobilier nantais Réalités et le groupe de travaux publics Cheval, intervenant dans le sud-est de la France.
Cheval axe sa croissance sur l’environnement
Le groupe Cheval (100 millions d’euros de chiffre d’affaires et 650 collaborateurs) a ouvert le bal le 16 décembre dernier. Cette ETI familiale fondée en 1949 dans la Drôme a fait de l’environnement, notamment à travers le recyclage, un axe de développement majeur. Elle se définit désormais comme « aménageur engagé pour développer durablement le territoire avec des équipements de qualité, utiles et innovants ». « Avec nos parties prenantes, nous sommes déterminés à contribuer à la transition écologique au travers de nos activités et de notre économie circulaire tout en créant une performance durable » précisent également les nouveaux statuts de l’entreprise.
Avec 16 filiales et des implantations sur une vingtaine de sites dans le quart sud-est de la France, Cheval entend asseoir un modèle d’entreprise basé sur les richesses humaines et l’économie circulaire. Elle pourra compter sur deux acteurs majeurs de la finance, Bpifrance et Société générale Capital Partenaires, qui viennent d’entrer dans son capital. « Au-delà de nos perspectives de développement, ce sont surtout la philosophie vertueuse de notre entreprise et notre bonne organisation qui ont été reconnues par Bpifrance et Société générale Capital Partenaires », estime Jean-Pierre Cheval, président du groupe Cheval.
« Au-delà de nos perspectives de développement, ce sont surtout la philosophie vertueuse de notre entreprise qui ont été reconnues par Bpifrance et Société générale Capital Partenaires », estime Jean-Pierre Cheval, président du groupe Cheval. © Cheval
Réalités, développeur territorial avant tout
Fondé en 2003, le groupe Réalités est beaucoup plus jeune mais son succès est tel qu’il compte désormais parmi les acteurs majeurs de l’immobilier, d’abord sur toute la façade Ouest de la région parisienne où il a récemment été lauréat du site du stade Bauer à Saint-Ouen dans le cadre de la deuxième édition de l’appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris ».
Aujourd’hui, le groupe Réalités réalise 222 millions d’euros de chiffres d’affaires avec 516 collaborateurs. Mais ne dites surtout pas à son P-DG fondateur Yoann Choin-Joubert qu’il est promoteur immobilier. « Réalités renvoie trop souvent à son activité historique de promotion immobilière mais nous formons aujourd’hui un ensemble de métiers qui nous conduit à nous définir avant tout comme un développeur territorial » explique l’entrepreneur qui défend « une entreprise dans son époque, une entreprise citoyenne, une entreprise politique ».
« Devenir entreprise à mission permet de démontrer qui nous sommes vraiment et nous oblige. Nous réconcilions le but lucratif de notre entreprise avec l’intérêt général » assure Yoann Choin-Joubert, P-DG fondateur de Réalités. © Réalités
C’est ce positionnement affirmé qui a conduit Réalités à changer sa raison d’être jusque dans ses statuts en devenant une « entreprise à mission », la toute première dans le secteur de l’immobilier. Ainsi, ce jeudi 14 janvier, Réalités s’est donné pour mission « d’être utile, tout le temps, au développement intelligent des territoires ». A cette nouvelle raison d’être s’ajoutent des objectifs portant sur l’éthique des relations partenariales, la qualité de vie des clients et des collaborateurs ou encore la volonté de neutraliser les impacts environnementaux du groupe. « Cela annonce le début d’une trajectoire » assure l’entrepreneur qui entend, par exemple, faire de Réalités « le premier de son secteur à atteindre la neutralité carbone ». De même, le groupe vise, d’ici la fin de l’année, l’exigeant label B Corp (Benefit Corporation), sorte de déclinaison internationale de l’entreprise à mission qu’une soixantaine d’entreprises seulement peuvent afficher.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, Réalités multiplie les preuves de son engagement. Cela peut passer par la création d’un fonds de dotation consacré à la protection de l’enfance, le rachat du club féminin Nantes Atlantique Handball ou encore la récente entrée au capital d’une cinquantaine de cadres à hauteur de 10 millions d’euros. Sur cette dernière opération, Yoann Choin-Joubert estime que c’est la matérialisation d’une « confiance sans faille » dans un groupe en forte croissance. En 2020, dans un marché en berne, Réalités a recruté 150 collaborateurs et réalisé 20 % de croissance. Yoann Choin-Joubert y voit la démonstration que « l’entreprise peut défendre ses intérêts tout en prenant soin de l’intérêt général ».
