La moitié du milliard d’investissements annoncés en mars par la foncière européenne Ceetrus pour la transformation de ses centres commerciaux de 2024 à 2028 est fléché sur la France, son premier marché. « Sur la centaine de sites que nous détenons, 43 sont concernés au total », annonce Etienne Dupuy, directeur général de la filiale immobilière du groupe Auchan.
Ceetrus, qui confie la gestion de ses actifs à l’opérateur Nhood pour animer et régénérer son parc, planche sur deux types de transformations. « Les plus lourdes seront phasées afin de recréer une circulation avec l’extérieur, renaturer les parcelles et construire de nouveaux bâtiments de bureaux, de coworking, de logements… autour du socle commercial », illustre l’ancien dirigeant de Nhood.
Végétaliser les toitures et les façades
Dans la majorité des cas, il faudra intervenir sur la structure, en plus des parkings sous-utilisés et des toitures et façades à végétaliser. Des « transformations partielles » comme un changement du cloisonnement sont également à prévoir, mais celles-ci précéderaient « un chantier plus lourd, qui serait livré 10 ans plus tard », imagine-t-il.
Ceetrus, qui vise à terme 30% de pleine terre sur chacun de ses centres commerciaux français, estime entre 2000 et 2500€/m² l’investissement moyen de ces chantiers dont certains sont en cours. C’est le cas de sa zone commerciale à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Outre une piétonnisation à 100% du foncier, la programmation de ce projet à 10M€ comprend des bureaux (1100m²), une école (1100m²), une ressourcerie (650m²)... L’ouverture du site transformé est prévue à la fin du premier trimestre 2025.
Ce plan de régénération s’inscrit dans un mouvement de fond en France, comme le montre le partenariat scellé en 2023 entre Nexity et Carrefour pour ajouter du résidentiel, de l’hôtellerie, des équipements publics dans ces zones mono-usage.
Onze projets de Ceetrus ont par ailleurs été retenus dans le cadre du plan gouvernemental de transformation des zones commerciales qui bénéficieront d’un soutien technique et financier de 34 M€ au total.
Si cet appel à manifestation d’intérêt (AMI) n’a pas été remis en cause par les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, l’incertitude politico-économique, avec un gouvernement démissionnaire cantonné à la gestion des « affaires courantes », freine Ceetrus. « Les atermoiements et les non-décisions des parties prenantes, Etat et collectivités, qui doivent changer le zonage du foncier et donc le PLU, nous font ralentir », regrette Etienne Dupuy.
Vivre au dessus du socle commercial
L’AMI dédié à la métamorphose des entrées de ville constitue pour la foncière l’occasion de « déspécialiser le foncier et organiser des sites résilients », explique son dirigeant. En témoigne le recours, dans de nombreuses transformations, au béton de chanvre. « Nous l’apprécions pour son inertie thermique de douze heures, synonyme de sobriété énergétique », témoigne-t-il.
L’objectif ultime est de rendre possible la vie au-dessus du socle commercial, comme aux Pays-Bas ou dans les villes nouvelles françaises comme Saint-Quentin-en-Yvelines. « Le site 100% commercial deviendrait quartier mixte avec un Auchan qui marche mieux grâce aux habitants qui se réapproprient ce foncier autrefois très artificialisé », espère Etienne Dupuy.
