« Cette décision résulte d’un choix et il est vrai que je me suis senti un peu seul, mais nous faisons un métier de détail qui nous a permis de ne jamais complètement arrêter notre activité » justifie Alban Boyé, directeur général de Trécobat.
Certes, comme dans toute la France, les chantiers ont stoppé net durant la première semaine de confinement mais le constructeur s’est attaché à maintenir une activité dans ses différents services. « Nous nous sommes attachés à toujours maintenir un lien avec nos trois parties prenantes : les clients, notre réseau d’artisans et nos fournisseurs » explique Alban Boyé.
Dématérialisation
La voie électronique a largement été utilisée, notamment vers les clients via « Nestor », une application avec laquelle il est notamment possible de visiter virtuellement sa future maison en 360°.
Conçue par Trecobat, cette application prend en charge l’intégralité du projet de construction de la maison et connecte en temps réel le triptyque client-fournisseurs-constructeur. L’ensemble des documents liés à la maison est ainsi dématérialisé.
Après la construction, pas besoin pour le client d’installer une autre application, Nestor étant compatible avec la domotique pour piloter toute la maison (alarme, volets roulants, etc.).
Une démarche volontaire
Avec son réseau d’artisans, le constructeur a immédiatement dressé un état des lieux des volontaires et des contrats ont pu être signés par voie électronique. « La première semaine, on était dans la peur mais très rapidement, généralement les patrons de ces entreprises artisanales sont retournés au travail en évitant la co-activité et en appliquant les gestes barrières. Nous avons d’ailleurs commandé
70 000 masques pour eux. Et puis, un détail important, ces artisans volontaires étaient payés "au cul du camion" », détaille Alban Boyé. « Certains métiers comme les enduiseurs étaient d’autant plus volontaires que nous sortions d’une période de météo calamiteuse et que le beau temps est apparu dès le confinement » ajoute-t-il.
Lisibilité logistique
Restait à régler l’approvisionnement. Une dizaine de jours ont été nécessaires pour régler les problèmes avec les négoces. Si quelques produits exportés comme les ardoises ou les carrelages ont parfois été en rupture de stock, le constructeur a pu s’appuyer sur ses volumes d’achats et sa bonne santé financière pour négocier avec les distributeurs. « Nous avons la particularité d’acheter tous les matériaux pour nos artisans. Pour les négoces, cela leur permet d’avoir une lisibilité logistique et des garanties financières » détaille le dirigeant.
Bien sûr, malgré cette volonté de poursuivre une forme d’activité, Trécobat a fortement ralenti sa production et a perdu environ un mois de facturation. Sur les 80 salariés en production, seuls les volontaires sont allés travailler tandis que les bureaux d’études ou les conducteurs de travaux se sont mis au télétravail. Aussi, comme le reste de la profession, Trécobat a eu recours au chômage partiel.
Retour en grâce de la maison ?
« Nous sommes aujourd’hui à environ 50% de notre activité normale et nous devrions atteindre 60% la semaine prochaine » explique le dirigeant qui estime que cette crise se fera sentir « pendant au moins un an ».
Alban Boyé pourrait se réjouir du retour en grâce de la maison individuelle, devenue plus que jamais le rêve des Français, et notamment de tous ceux vivants en appartement. Mais c’est sans compter sur l’évolution à la hausse des taux d’intérêts et le manque de terrains constructibles, les aménageurs, comme les vendeurs (souvent âgés) étant soit à l’arrêt, soit en attente. « Il faut mixer ces trois paramètres pour voir comment sera la suite des évènements » assure Alban Boyé.