Les chiffres parlent. Les cartes aussi. Pour anticiper les conséquences de l’érosion qui grignote environ 900 km du littoral français, le Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a chiffré et cartographie les bâtiments menacés d’ici 2028, 2050 et 2100, dans une étude commentée par Christophe Béchu.
Une liste de communes élargie
« L’équivalent d’un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l’effet de la progression des océans, un phénomène qui s’accélère », a déclaré le ministre de la Transition écologique sur TF1 le 4 avril. « Il y aura des zones qui seront inhabitables » sur le littoral, dont 20% est grignoté par l’érosion côtière, a-t-il dit.
Le ministère travaille avec les maires de 500 communes identifiées, mais dont la liste n’est pas communiquée, pour mettre en place « des plans sur mesure », a-t-il ajouté en soulignant que « les documents d’urbanisme » allaient être « révisés » sur la base des cartes.
En 2022, une liste de 126 communes jugées prioritaires avait été publiée au Journal Officiel. Censée être révisée au moins tous les neuf ans, celle-ci ne faisait pas l’unanimité car elle n’embarquait pas assez de communes.
Indemnisation, relogement à l’arrière de la commune sur d’autres terrains : « ce sont des solutions qui sont aujourd’hui sur la table », a-t-il souligné en conseillant aux habitants concernés d’aller voir leur maire.
5208 logements concernés d’ici 2050
En 2028, 1046 bâtiments à risque, dont plus de la moitié à usage résidentiel, pourraient être grignotés par la mer, soit une valeur vénale « d’environ 240M€ », selon le Cerema.
A l’échéance 2050, selon un second scénario considéré comme « réaliste » qui prévoit le maintien en l’état des ouvrages de protection comme les digues, 5208 logements sont concernés, dont près de 2000 résidences secondaires, pour environ 1,1Md€.
1765 km de routes menacés d’ici 2100
A l’horizon 2100, scénario qui part d’hypothèses « défavorables » avec une « disparition complète des ouvrages de protection » et une « inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral », 450 000 logements sont en revanche potentiellement concernés, représentant environ 86Mds€.
Réalisé spécifiquement pour les réflexions en cours du Comité national du trait de côte (CNTC). l’étude du Cerema identifie également 1437 locaux d’activité potentiellement touchés en 2050 et 53158 en 2100, ainsi que 15,5 km de routes structurantes en 2050 et 1765 km de routes et 243 km de voies ferrées dans le scénario 2100.