Campagne pilote pour la qualité de l'air intérieur

Une campagne de mesure est en cours pour mieux connaître la qualité de l'air intérieur. La phase de vérification des appareils de mesure et protocoles se déroule dans trois régions françaises.

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Après un an de préparation, la campagne pilote de l'étude de la qualité de l'air intérieur en France est enfin lancée depuis la mi-mars 2001. Elle doit durer trois mois et vérifier que tous les outils mis en place pour estimer la qualité de l'air sont efficaces. Les essais se feront, dans un premier temps, dans seulement trois régions : Strasbourg, Nord - Pas-de-Calais, Aix - Marseille. Dans ces trois zones, 90 logements et 10 écoles seront équipés d'appareils destinés à relever la présence et la concentration d'une quinzaine de polluants.

Les campagnes doivent déterminer les sources et les niveaux de pollutions ainsi que les populations les plus exposées. « L'exposition est la durée pendant laquelle une personne est en présence d'un polluant à une concentration donnée », précise Séverine Kirchner, chef de projet au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), qui coordonne l'étude. Par exemple, une molécule très dangereuse mais absente de l'environnement ne présente aucun risque.

Aujourd'hui, près de quinze polluants sont sous l'oeil de l'Observatoire. Ils ont été sélectionnés en fonctions de trois critères : le danger qu'ils présentent, leur présence dans des lieux de vie communs et leur mesurabilité. Ce sont des composants chimiques (fumées de tabac, composés organiques volatils, formaldéhyde, pesticides, ozone), biologiques (micro-organismes, allergènes...), mais aussi minéraux (amiante, fibres minérales artificielles), sans oublier la radioactivité avec le radon.

Les concentrations de polluants peuvent être plus importantes dans l'air intérieur

Les citadins passent en moyenne 90 % de leur temps dans un milieu confiné (logement, bureaux, transport) contre 10 % seulement à l'extérieur. Or, les concentrations de polluants peuvent y être plus importantes que dans l'air extérieur. Ce phénomène est sans doute une conséquence des efforts déployés pour maîtriser l'énergie. Contribuant à une meilleure isolation des bâtiments, ils ne compensent pas toujours avec un renouvellement renforcé de l'air intérieur.

Lors de la campagne pilote, 14 techniciens enquêteurs, supervisés par trois correspondants régionaux, ont mené les prélèvements pendant une semaine chez les particuliers et dans les écoles. « Cette campagne pilote doit nous permettre de vérifier la faisabilité des prélèvements et le fonctionnement des appareils. En effet, la plupart d'entre eux sont conçus pour effectuer des prélèvements en extérieur. Ils sont donc encombrants et bruyants : Impossible de les installer là où des gens vivent quotidiennement ! », poursuit la chercheuse. Il a donc fallu élaborer de nouvelles stations de prélèvements plus adaptées à ce nouveau contexte.

Par ailleurs, une partie de l'enquête concerne le bâtiment lui-même : « nos enquêteurs doivent rapporter un maximum d'informations sur l'exposition du bâtiment, les matériaux de construction, la disposition des pièces, le type de chauffage, la présence d'animaux, de fumeurs, de plantes... tout ce qui peut être à la source des émissions de polluants », énumère-t-elle. En effet, les polluants peuvent provenir de différentes sources : l'environnement extérieur, l'ameublement, les produits de construction, la ventilation, la décoration...

Modifier les habitudes, aérer les pièces plus fréquemment

Cependant, il est possible que la présence de ces appareillages de mesure modifie les habitudes des occupants des lieux, comme aérer les pièces plus fréquemment. « Nous devons essayer de le minimiser, mais cela reste un paramètre sur lequel nous n'avons pas beaucoup de maîtrise », reconnaît Séverine Kirchner.

Suite à cette campagne pilote, deux autres sont prévues sur 1 000 lieux de vie : la première commencera au cours de l'hiver 2001 - 2002 et la seconde aura lieu pendant l'été 2002. En effet, on ne retrouve pas exactement les mêmes polluants en hiver et en été. Par exemple, le monoxyde de carbone, produit par la combustion, est essentiellement un polluant d'hiver.

Les campagnes de mesure sont planifiées par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, créé en 1999. « La première année, nous concentrerons nos efforts sur les logements, les écoles primaires et maternelles », explique Séverine Kirchner. La proportion milieu urbain/ milieu rural devrait être respectée. Par la suite, ces informations seront conservées dans une base de données, qui sera accessible à tous les professionnels de l'évaluation et de la gestion des risques.

PHOTO : Les citadins passent en moyenne 90% de leur temps dans un milieu confiné.

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