La Caisse d'Épargne lance un prêt à impact social et environnemental

La régie immobilière de la ville de Paris a signé ce jeudi 1er octobre le premier prêt « à impact social » délivré par la Caisse d’Épargne. 25 millions d’euros seront ainsi empruntés par le bailleur en contrepartie d’un engagement : faciliter l’accès au logement des demandeurs prioritaires.

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Sur les 3000 logements attribués annuellement par la RIVP, 600 devraient être alloués à un public prioritaire.

" La performance financière n’est plus suffisante" : la Caisse d’Épargne sort des sentiers battus, via la voix de son directeur du développement, Fabrice Gourgeonnet.

L’organisme bancaire propose en effet une nouvelle offre de prêt, pas tout à fait comme les autres. Son innovation : permettre aux bailleurs sociaux et professionnels de l’immobilier de bénéficier d’un taux d’intérêt indexé sur une performance dite « extra-financière ».

La RIVP est aujourd’hui le premier groupe à bénéficier de ce dispositif de financement, à hauteur de 25 millions d’euros.

S’engager sur des enjeux sociétaux

Mais, si elles ne sont pas d’ordre financier, quels types de performances attend la Caisse d’Épargne de ses clients? L’organisme bancaire souhaiterait les inciter à développer leurs engagements sociaux et environnementaux via deux offres : le prêt « à impact environnemental » et le prêt « à impact social », tous deux à taux fixes.

Sur chacun de ces dispositifs, le client devra s’engager en faveur d’un des critères mentionnés dans l’offre choisie.

Le prêt « à impact environnemental » en propose trois : la performance énergétique et le rejet de gaz à effet de serre, la conduite bio responsable des opérations ainsi que la mobilité décarbonée.

La deuxième offre, en faveur du social regroupe cinq thèmes : l’inclusion, le handicap, le vieillissement, la mixité urbaine et la santé des occupants.

Faciliter l’attribution de logements Dalo

La régie immobilière de Paris a ainsi choisi de souscrire un prêt de 25 millions d’euros, à impact social et, plus précisément, en faveur de l’inclusion.

L’objectif fixé conjointement par la RIVP et la Caisse d’Épargne : Allouer 20 % des logements attribués annuellement par l’organisme, à un public prioritaire, tel que défini par la loi Dalo. Un pourcentage qui correspondrait à 600 ménages.

Chaque année un bilan sera effectué. Si le seuil est atteint, le groupe bénéficiera alors d’une bonification de 15 points de base du taux d’intérêt. Au total 675 000€ pourront ainsi lui être versé. Mais, la RIVP précise qu’elle ne touchera pas l’ensemble de ces bonifications puisqu’elle s'est engagée à reverser la moitié à la Fondation Abbé Pierre.

Que se passe-t-il si l’objectif n’est pas atteint ? La bonification s’envole, mais le taux, lui, sera appliqué sans aucune pénalité.

Zones d’ombre

Si l’on connaît le montant des bonifications, la somme empruntée, ou encore les objectifs à atteindre, deux chiffres manquent à l’appel : ceux du taux d’emprunt et de sa durée. En effet, ni la Caisse d’Épargne, ni la RIVP n’ont souhaité communiquer le taux du prêt, et la longueur de celui-ci.

Autre incertitude : la nature des projets qui vont être développés par la RVIP. En effet, si l’on sait que le bailleur a un objectif précis en terme d’attribution de logements Dalo, on ignore où seront concrètement investis ces 25 millions d’euros. Administration, constructions de logements ? Seule précision de l’organisme bancaire via un communiqué : « Ce prêt à impact social d’un montant de 25 millions d’euros permettra de financer les besoins de la régie immobilière de la ville de Paris ».

Un prêt bientôt proposé aux particuliers ?

Serait-ce le début d’une longue liste ? Le premier prêt de cette offre a certes été accordé à un bailleur social mais la Caisse d’Épargne ne cache pas son ambition d’accompagner les promoteurs immobiliers au cours des prochaines semaines. Plus étonnant, elle évoque également l’hypothèse de proposer, à long terme, l'offre environnementale aux particuliers.

Pourtant, certains s’accorderont à dire que le développement à grande échelle de ce dispositif pourrait s’avérer périlleux, voir risqué pour la banque. En effet, il s’agit d’un nouveau modèle économique à penser, un modèle qui laisse place à des enjeux sociaux. Mais, c'est un dispositif qui, selon la Caisse d’Épargne, pourrait séduire : « Un client qui s’engage dans une transformation environnementale et sociale est un client qui sera en « bonne santé » demain. C’est aussi un client avec lequel la Caisse d’Épargne engage une relation dans la durée". Le groupe a également affirmé sa volonté à travers ce prêt à impact, de : "conquérir de nouveaux clients, sensibles à ces enjeux environnementaux et sociaux."

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