VINCI : consécration
« 2006 confirme et consacre la validité du modèle de concessionnaire-constructeur intégré », se sont félicités les dirigeants de Vinci. De fait, les concessions assurent au numéro un mondial du BTP près de 55 % de son résultat net, alors qu’elles ne comptent que pour 16 % dans son chiffre d’affaires (soit 4,3 milliards, 7 %). L’intégration d’ASF et Escota dans Vinci s’est « très bien passée », a remarqué Xavier Huillard, administrateur directeur général. Le groupe a d’ailleurs renforcé sa position dans les concessions en rachetant à Eiffage les 17,1 % de Cofiroute qu’il détenait pour 760 millions, une somme jugée avantageuse par le marché. Vinci est désormais actionnaire à 82,4 % de Cofiroute, aux côtés de Bouygues. Xavier Huillard n’a d’ailleurs pas exclu d’ouvrir tout ou partie du capital des concessions autoroutières à des minoritaires financiers quand le besoin s’en fera sentir.
Lancé dans la réalisation de son plan de développement 2006-2009, Vinci a vu son activité progresser plus vite que prévu en 2006 : 6,6 % dans les concessions et 11,6 % dans la construction. Dans les PPP, le contrat d’infrastructure urbaine de la ville de Rouen (100 millions) sera signé dans les 15 jours qui viennent, par exemple ; dans les concessions, le groupe est retenu comme candidat préféré pour le ring d’Anvers (entre 1,5 et 2 milliards), et en Grèce, pour l’autoroute Maliakos-Kleidi (230 km) et Athènes-Patras-Tsakona (365 km).
Dans les métiers de la construction, une acquisition a été faite par semaine en 2006, générant plus de 500 millions de chiffre d’affaires en année pleine. En début d’année, Solétanche Bachy (1,2 milliard de chiffre d’affaires prévu en 2007 à 70 % à l’international) a rejoint le groupe. Il constituera une nouvelle branche au sein de Vinci Construction. Dans l’énergie, 20 acquisitions ont été menées l’an passé, représentant 150 millions. Dans la route, le retour à l’équilibre est déjà intervenu aux Etats-Unis et il est attendu en 2007 en Espagne. Une dizaine de sociétés ont été achetées (90 millions de CA). Vinci Construction, dont le carnet de commandes progresse de 13 %, reste tonique. « La grosse affaire de Tchernobyl pourrait se concrétiser », a notamment indiqué Xavier Huillard.
BOUYGUES : "magnifique"
« Une année magnifique » : Martin Bouygues n’a pas boudé son plaisir en présentant les résultats du groupe qu’il préside, auxquels le BTP contribue pour près de 60 %. Faut-il y voir une corrélation ? Les patrons des trois grandes filiales (Colas, Bouygues Construction, Bouygues Immobilier) sont montés à la tribune pour exposer leurs performances. Alain Dupont quittera en octobre Colas sur un bilan flatteur puisque, avec près de 400 millions de résultat net ( 29 %), l’entreprise est celle qui rapporte le plus beau résultat net au groupe après les télécoms. Neuvième producteur mondial d’agrégats, avec 113 millions de tonnes, elle a désormais au-dessus d’elle de grands groupes miniers proches des 300 millions de t. Colas, dont le chiffre d’affaires 2006 frôle celui d’Eiffage, prévoit de l’accroître de 6 % cette année à 11,4 milliards. Les ambitions de l’entreprise dans le rail sont grandes puisque Martin Bouygues n’a pas exclu que Seco-Rail « s’intéresse, quand il aura bien maîtrisé le sujet, à d’autres clients que le groupe Colas par la suite ». Bouygues Construction, qui a enregistré en 2006 des prises de commandes record, a remporté un nombre exceptionnel de grands contrats dont deux de 500 millions : l’autoroute A41 Annecy-Genève (512 millions) et l’aéroport de Chypre (488 millions). Mais, il ne construira pas le village olympique de Londres. Avec un carnet de commandes en hausse de 45 % à 8,7 milliards (50 % en France et 32 % dans l’Europe), la filiale prévoit un chiffre d’affaires de 7,8 milliards, en hausse de 13 %.
Deuxième promoteur français, à touche-touche avec Nexity, Bouygues Immobilier a un carnet de commandes en hausse de 41 % (18,3 mois d’activité). Soucieuse de limiter à 2 ou 3 % la hausse des prix des logements qu’elle vend, la filiale de Bouygues se montre sceptique sur les diversifications vers d’autres métiers.
En présence du P-DG d’Alstom, Patrick Kron, Martin Bouygues s’est félicité par ailleurs que son groupe et Alstom, dont il détient 25,1 % du capital rachetés 2,5 milliards, soient « culturellement compatibles ». Les deux groupes ont décidé d’ailleurs de répondre ensemble pour la LGV Sud Europe Atlantique (Tours-Bordeaux).
EIFFAGE : projets
Comme prévu, Eiffage a franchi haut la main la barre des 10 milliards de chiffre d’affaires en 2006, dont 1,4 milliard en Europe ( 11,5 %). Les concessions, qui entrent pour 14 % dans le chiffre d’affaires, assurent plus de la moitié du résultat opérationnel. Sur les 377 millions de résultat net du groupe, APRR contribue à hauteur de 17 millions (part du groupe) et le viaduc de Millau pour 3 millions. Le fruit de la vente de la participation dans Cofiroute sera utilisé pour les croissances externes : des pourparlers sont en cours en Tchéquie et en Hongrie, une société routière a été acquise en décembre au Portugal où Eiffage veut répondre à IP4 (suite du programme autoroutier). L’objectif reste d’atteindre 25 % du chiffre d’affaires en Europe d’ici à 2008.
Il servira aussi au développement des concessions où les projets foisonnent dans les autoroutes, le ferroviaire (Roissy CDG, Sud Europe Atlantique, contournement Montpellier-Nîmes…) totalisant une dizaine de milliards en France. Pour le projet Sud Europe Atlantique, il entend faire une offre seul mais prendra un partenaire « non espagnol » pour Seine-Nord.
Avant les changements qui verront Benoît Heitz prendre la direction générale d’Eiffage en juin, le groupe fait bouger plusieurs patrons de filiales (voir Carnet p. 22). Mais le P-DG Jean-François Roverato est resté muet sur ses relations avec l’espagnol Sacyr, son principal actionnaire (à 32,1 %), avant l’assemblée générale du 18 avril. Sacyr vient de réaffirmer qu’il voulait obtenir des sièges au conseil d’administration d’Eiffage. Toutes les hypothèses seront envisagées si ce n’est pas le cas mais rien n’est décidé, indique-t-on chez Sacyr.
12 000 recrutements en 2007 en CDI en France (Vinci)
16 500 recrutements en 2007 dans le BTP dont 8 500 en France (Bouygues)
6 000 recrutements prévus en 2007 se ventilant par tiers entre les TP, l’énergie et la construction (Eiffage)
