Akuo Energy, le producteur français indépendant d’énergies renouvelables, a débuté le chantier de la plus puissante centrale solaire flottante de France. Le projet O’MEGA 1 prévoit l’installation d’une structure flottante équipée de 47 000 panneaux photovoltaïques sur le lac d’une ancienne carrière à Piolenc (Vaucluse).
La construction de cette centrale a été confiée à Bouygues Energies et Services. D’une puissance de 17 MWc, elle couvrira la consommation d’électricité de 4733 foyers, assure son concepteur. Coût de l'opération : 17 millions d'euros. La mise en service est prévue pour mars 2019. « L’intérêt du flottant est d’offrir la possibilité de réhabilité des espaces dégradés par l’homme, comme des anciennes carrières inondées, sans concurrence avec d’autres usage », expose Eric Scotto, PDG d’Akuo Energy.
Une structure flottante écologique
Pour défendre son projet, le producteur met en avant l’utilisation d’une nouvelle génération de structure flottante (Hydrelio) préservant l’environnement aquatique.
Breveté par Ciel et terre, le leader mondial du solaire flottant, le système peut en effet s’installer sur des anciens lacs de carrières, des bassins écrêteurs de crues et d’irrigation, des réservoirs d’eau potable ou encore des bassins industriels pollués. Selon son concepteur, cette structure flottante garantit un usage « durable et écologique d’étendues d’eau inutilisées afin d’exploiter l’énergie radiative du soleil ».
La technologie s’est déjà imposée à l’international puisque plus de 235 MWc de centrales flottantes ont été installées avec des systèmes Hydrelio. En France, Akuo Energy se présente comme le fabricant et le distributeur exclusif de la solution.
Le projet O’MEGA1 implique également la construction à proximité d’une ferme biologique dont la production sera destinée au marché local (cantines, vente en circuit court…).
Débuts timides en France
Si le marché du solaire flottant se porte bien en Asie, en particulier au Japon et en Chine, il peine à se développer en Europe qui ne dispose d’aucune centrale de taille comparable à celles installées sur terre. En France, les débuts sont timides. Les quelques parcs solaires flottants en activité ne dépassent pas une dizaine de kilowatts. En Alsace, un îlot démonstrateur (135 panneaux PV) a été mis en service sur l’étang artificiel de Girlenhirsch au début de l'année. Pour l'heure, il ne permet d’alimenter que trois bâtiments locaux.
« La France compte 705 km² de lacs artificiels et si 30% de leur surface était recouverte de panneaux solaires, cela représenterait la consommation d’environ 4 millions de foyers », évalue Charlotte de Lorgeril, du cabinet Sia Partners. De son côté, Akuo Energy a estimé le potentiel à 3000 MW – en retenant uniquement les lacs situés à moins de 5 km d’un point de raccordement au réseau électrique. Les géants de l’énergie (EDF, Engie) réfléchissent d’ores et déjà à équiper les lacs de barrages qu’ils exploitent.
Le développement du solaire flottant suscite toutefois l’inquiétude des associations environnementales, qui craignent une atteinte pour les oiseaux migrateurs et la faune sous-marine.