Jeu d’entreprise, capitalisation sur les innovations, animation des réunions sécurité… Dans le cadre de leur chaire, l’OPPBTP et CentraleSupélec proposent aux employeurs de multiples outils alliant ces deux objectifs.
«De plus en plus de travaux montrent que la prévention, loin d’être une charge financière, constitue un investissement dont on peut calculer la rentabilité », évoque Christian Michelot, psychosociologue et enseignant-chercheur à CentraleSupélec. C’est sur la base de cette hypothèse que l’école d’ingénieurs et l’OPPBTP ont lancé, en 2020, la chaire « Prévention et performance dans le BTP », dont les résultats ont été dévoilés ce 8 septembre. Une démarche qui réunit des enseignants-chercheurs en économie, sciences humaines et génie civil et implique trois entreprises partenaires – Terélian (Groupe Vinci), Eiffage Génie civil et le groupe Legendre.
« Nos recherches ont démontré que, malgré le lien étroit entre les efforts pour réduire les accidents du travail et maladies professionnelles et la performance globale de l’entreprise, il n’existe pas entre eux de causalité simple et immédiate, pointe Christian Michelot. Ce sont avant tout le contexte et la situation de travail qui déterminent l’impact d’une action de prévention dans ce domaine. »
« Organiser un espace de dialogue »
Forts de ce constat, les acteurs de la chaire ont conçu des outils concrets à destination des employeurs, à commencer par la méthodologie dite du « champ de forces ». Créée et expérimentée dans le cadre de recherches-actions, elle permet d’identifier en une demi-journée, à partir d’un diagnostic participatif, les facteurs susceptibles de faire avancer ou de freiner la prévention d’une part, et la performance d’autre part, puis de définir un plan d’actions.
Autre levier clé : le jeu développé par la chaire, qui consiste pour des cadres à piloter un chantier fictif et à observer les effets de leurs décisions sur la productivité, les coûts, les délais et la sécurité. « De quoi permettre à chacun – préventeur, conducteur de travaux… – de mieux se comprendre et d’organiser un espace de dialogue, afin de traiter ensemble les problématiques sans s’opposer », commente Virginie Renard, directrice Prévention & Performance à l’OPPBTP. Certaines écoles d’ingénieurs, parmi lesquelles CentraleSupélec, ont déjà intégré ce jeu dans leurs cursus.
« Les travaux de la chaire ont aussi mis en lumière le rôle déterminant de solutions techniques et organisationnelles souvent créatives trouvées par les équipes face aux problèmes opérationnels qui peuvent jalonner la vie d’un chantier : méthodes nouvelles, usages inédits d’outils, de matériaux, de matériels… Des innovations qui ne sont pas forcément repérées comme telles », reprend Christian Michelot. La méthode de la « ligne du temps » vise ainsi à mettre en commun ces expériences, tout en évaluant leur portée, pour les intégrer au répertoire de l’entreprise.
Les recherches ont également permis de mettre au point une méthodologie pour animer des réunions de type « quart d’heure sécurité » en prévoyant une participation active des compagnons, « trop souvent placés dans une position d’ignorants, alors que ce sont eux qui ont l’expérience du chantier », soulève le psychosociologue.
Formation continue
« Nous souhaitons que les entreprises s’emparent de ces outils afin de faire converger prévention et performance dans leur structure et tendre ainsi vers l’excellence opérationnelle », enjoint Virginie Renard. A cet effet, les travaux de la chaire pourront être consultés sur le site preventionbtp.fr.
Des sessions de formation-sensibilisation au travers du jeu pourront en outre être animées par l’OPPBTP au sein des entreprises. Et CentraleSupélec proposera aux employeurs des modules de formation continue pour leur permettre de s’approprier les différentes méthodes issues de la chaire.