C'est l'une des opérations d'urbanisme les plus ambitieuses de ces dernières années. La situation (6,5 hectares en plein centre-ville), l'importance du programme (140 000 m2 de plancher), les enjeux économiques et politiques (faire coïncider la logique du marché immobilier privé avec celle d'un aménagement public)... tout contribue au caractère exceptionnel de la ZAC du centre-ville. Implanté au nord du célèbre hôtel de ville de Tony Garnier, le nouveau quartier a vocation à devenir le coeur emblématique de la ville, déjà marquée par un riche héritage architectural des années 30. Lancé en 1995 par Jean-Pierre Fourcade pour effacer la faillite de la ZAC précédente, le projet « Coeur de ville » est aujourd'hui quasi achevé. Il a été conduit en régie directe par la ville, assistée d'Alexandre Chemetoff, titulaire d'une double mission : maîtrise d'oeuvre urbaine pour l'ensemble du projet et maîtrise d'oeuvre de l'espace public.
Fortement hiérarchisé, le nouveau quartier renvoie à une vision extrêmement classique de la forme urbaine, identifiant édilité et autorité. Ce que Dorothée Pineau, maire adjoint délégué à l'urbanisme, traduit en ces termes : « Si chaque bâtiment porte la signature d'un architecte différent, la cohérence de l'ensemble est assurée par la ville au titre d'un cahier des charges établi par le maître d'oeuvre urbain. » La composition d'ensemble organise un système d'espaces publics-privés clairement identifiés, où chaque élément urbain doit trouver sa juste place dans une plus ou moins grande proximité avec le centre ordonnateur : la Grande-Place, marquée symboliquement d'un patio en son milieu. Croisant cet ordonnancement urbain, le « cahier des recommandations urbaines et architecturales » est lui aussi pétri de références classiques, même si elles s'appliquent à des architectures modernes. Par exemple, pour les façades, il prescrit aux différents maîtres d'ouvrage et à leurs architectes (choisis sur une liste de noms « recommandés ») une composition à trois registres marqués (soubassement, étages courants, étage attique), des percements verticaux, et l'utilisation de matériaux lourds (pierre appareillée, brique blanche maçonnée ou béton architectonique). Il en résulte un paysage urbain très homogène, où l'autonomie de chaque immeuble tient certes à des variations d'interprétation de ce vocabulaire commun, mais aussi au découpage parcellaire : à chaque lot, son immeuble et son architecte. Au quotidien, la gestion du projet urbain est assurée conjointement par la cellule aménagement de la ville et par le Bureau des Paysages d'Alexandre Chemetoff, qui a son mot à dire sur tous les éléments du projet, depuis les grandes lignes du tracé jusqu'au plus petit détail d'architecture, en passant par l'organisation intérieure des bâtiments. Il exerce ici un travail de médiateur, s'efforçant d'obtenir l'accord de tous aux principes du projet, tout en tentant de les adapter aux exigences de chacun. Initié en amont par la concertation effectuée avec les différents maîtres d'ouvrage à l'occasion de l'appel d'offres de charges foncières, ce travail de médiation s'est poursuivi, en aval, par la mise en oeuvre d'une politique de concertation-communication avec la population, informée de l'avancement du projet par le biais d'une exposition permanente et d'un journal affiché sur les palissades du chantier. Percées de quelques ouvertures implantées à hauteur d'oeil, celles-ci resteront comme le symbole d'un projet mené de bout en bout dans le cadre d'une transparence exemplaire.
FICHE TECHNIQUE (p.134) :
Programme de la ZAC : 140 000 mètres carrés de plancher, dont 32 000 de bureaux, 16 000 de commerces, 70 000 de logements, dont 30 % aidés, un cinéma multiplexe de sept salles, un parking public de 600 places
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Boulogne-Billancourt ; maîtrise d'ouvrage opérationnelle, cellule aménagement du centre-ville (Marc Roger et Willem Pauwels)
Maîtrise d'oeuvre urbaine : Alexandre Chemetoff, Bureau des Paysages.
Calendrier : début des études, 1996 ; début des travaux, septembre 1999
Fin des travaux : juin 2001 (Grande-Place et galerie commerciale) ; juillet 2002 (voirie)
ESPACES PUBLICS
Maîtrise d'oeuvre des espaces publics : Bureau des Paysages (mandataire), Alexandre Chemetoff, Philippe Hamelin
Maîtrise d'oeuvre d'exécution des VRD : Ingétude, Philippe Maillard, Jacques Collery
Maîtrise d'oeuvre d'exécution des rampes de sorties du centre commerciel et du patio : GEC
Suivi des plantations et des mélanges terreux : Sol Paysage (cotraitant)
Coût : 87 millions de francs HT, dont aménagement de voiries et de réseaux, 54 millions de francs HT ; plantation et arrosage, 4,1 millions de francs HT ; fourniture de granit, 4,7 millions de francs HT ; travaux concessionnaire, 7 millions de francs HT ; aménagement de la Grande-Place, 3,8 millions de francs HT ; rampes Galliéni, 6,3 millions de francs HT ; Patio, 7,1 millions de francs HT
Principales entreprises ou fournisseurs : VRD, Colas IDFN, Eurovia, Ferraz, Huguet ; plantations, Allavoine ; arrosage, Ile-de-France Arrosage ; granit, granit des Monts de Lacaune ; rampe de sortie du centre commercial, Montcocol (génie civil) ; patio et salle municipale, Outarex ; Grande-Place, Touzet
MAQUETTE :
Le nouveau quartier, qui a vocation à devenir le coeur de la ville, s'organise à partir d'un centre ordonnateur, la grande-place.
PHOTOS :
Une composition à trois registres marqués a été prescrite, il en résulte une forte homogénéité.