Près de deux ans après l'annonce des 97 projets lauréats, l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) national « Engagés pour la qualité du logement de demain » connaît un prolongement. La métropole Aix-Marseille-Provence continuera en effet à apporter son soutien aux huit équipes distinguées sur son territoire. Elle l'a formalisé en confirmant, lors de la revue de projet organisée le 6 février à Marseille, le versement de subventions de recherche et développement au titre d'un incubateur intramétropolitain à quatre d'entre elles. « Cela leur permettra de poursuivre leurs projets innovants avec l'appui des équipes techniques de la métropole dans les phases de conception et de réalisation. C'est une préfiguration du nouveau Fonds d'innovation pour l'habitat inscrit dans le programme local de l'habitat qui doit être approuvé le 22 février », a précisé David Ytier, vice-président délégué au logement, à l'habitat et à la lutte contre l'habitat indigne à la métropole, pour qui l'enjeu est de produire 11 000 logements par an mais aussi d'en améliorer la qualité.
Recyclage des eaux usées. L'Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris-La Villette bénéficie ainsi d'une subvention de 48 000 € pour qu'Anne Durand, architecte et docteure en urbanisme, poursuive son travail de recherche entamé dans le cadre de l'AMI avec le promoteur aixois Villenova et l'entreprise sociale de l'habitat Erilia. Co-maîtres d'ouvrage, ils ont voulu réinterroger leur projet d'écoquartier Les Rives de l'étang (conception : agence Jérôme Siame Architectes, mandataire) aménagé sur les 3,5 ha d'une ancienne base aéronavale à Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône).
Hauts de plafond (2,70 m alors que le standard dans le neuf est de 2,50 m), les 235 logements collectifs et pavillons - dont 88 sociaux et 40 BRS - seront traversants et bi-orientés. Ils seront aussi dotés d'espaces extérieurs généreux offrant des vues sur l'étang de Berre ou l'espace paysager de 8 000 m2 . Le tout alimenté par un réseau de chaleur et de froid recyclant les eaux usées de la station d'épuration et équipé de capteurs qui géreront l'eau, l'éclairage public ou encore la qualité de l'air.
« Sur la base de la notion de bilan holistique, nous interrogeons la capacité des maîtres d'ouvrageà sortir du simple pa-ramètre financier et à intégrer le maximum de valeurs en termes d'impact environnemental et sociétal. En parallèle, nous avons établi un barème de la qualité du logement à la fois du point de vue de la littérature et de celui des habitants », explique Anne Durand. « Les banques ont une grille d'analyse pour financer les opérations, avec comme critère une marge entre 7 et 8 %. Cela ne facilite pas l'amélioration de la qualité dans un contexte de crise. Il faut donc se réinventer », renchérit Nathalie Coll, directrice générale de Villenova.
Un premier atelier avecles futurs occupantsa confirmé la priorité donnée à la sécurité et au calme des espaces partagés, ainsi qu'à la luminosité, la vue et la performance énergétique des logements. Par ailleurs, pour les impliquer dans le maintien de la qualité, Villenova rédige un manuel d'utilisation par bâtiment.
Le permis de construire a été déposé pour une première tranche de 95 logements. Des travaux suivront cet automne. La livraison est prévue à partir de 2026.