La fin d’un cycle pour Lumi. Le bailleur Clairsienne va réinterroger son opération « Lieu à usages multiples innovants » (Lumi), dont le chantier est à l’arrêt depuis l’été 2019 et qui s’élevait initialement à 61,8 millions d’euros HT.
Depuis, le gros œuvre de cet ensemble à l’architecture originale avec quatre façades différentes et une programmation initiale qui comptait 21 500 m2 SP, une crèche interentreprises, 70 logements inter-générationnels, 60 logements en location sociale, 59 appartements en accession sociale et 5 700 m2 de bureaux - dont le siège de Clairsienne - est abandonné.
Des modifications jugées « importantes », par le constructeur Cari Aquitaine (Fayat Bâtiment), sur le permis de construire initial avait conduit à un désaccord entre entreprise et maître d’ouvrage, au sujet de modifications sur le chantier jugées trop nombreuses ; et, finalement, le retrait de Cari Aquitaine du chantier. Le contentieux est aujourd’hui au tribunal de commerce de Bordeaux et les conclusions de l’expert sont attendues pour début 2022, précise-t-on chez Clairsienne.

Perspective correspondant au permis de construire délivré pour les travaux lancés en décembre 2018. © Clairsienne/SBBT Architecture
Nouvelle vie pour Lumi
« Nous avons relancé un appel d’offres dans le cadre du permis de construire à la fin du premier semestre, mais nous n’avons pas eu de réponse satisfaisante, indique Jean-Baptiste Desanlis, directeur général de Clairsienne depuis septembre dernier, c’est compliqué pour les opérateurs qui auraient repris, car cela aurait généré une couverture de risques importante, ce qui n’était pas acceptable économiquement. ».
La maîtrise d’œuvre portée par Sophie Berthelier et Benoît Tribouillet (SBBT Architecture) a donc été résiliée en septembre dernier. « Les impacts de cette situation exceptionnelle sont multiples », reconnaît le directeur général, sans donner d’informations chiffrées. Les mises en vente de logements en accession sociale ont notamment été suspendues.
L’entreprise sociale pour l’habitat a décidé de réinterroger son projet, en partenariat avec la ville de Bordeaux et l’EPA Bordeaux Euratlantique. Il va être redéfini, à l’aune du label bâtiment frugal bordelais notamment, avec un AMO, à la fin du premier trimestre 2022 et prévoit le lancement d’un dialogue compétitif. « Si la morphologie est inchangée, nous réinterrogeons tout le reste, précise le directeur général de Clairsienne, mais l’idée est de récupérer le maximum de l’existant. » Les entreprises seront consultées mi-2022 pour un démarrage des travaux au premier semestre 2024 et une livraison en 2026. Un délai trop long pour envisager l’installation des équipes de Clairsienne dans ce futur lieu.
Lumi, objet d’étude
Clairsienne aimerait faire vivre ce bâtiment et « amener de la valeur » grâce à une opération d’urbanisme transitoire. Un partenariat avec des étudiants de Kedge Businness School, l’école de commerce de Bordeaux a été établi dans le cadre de leur challenge annuel « Open innovation ». Il s’agit de faire émerger la capacité à résoudre une problématique complexe, la créativité et l’innovation, ainsi que le travail d’équipe. « C’est un objet intéressant pour eux et nous aimerions voir comment redonner de l’utilité au lieu », argue Jean-Baptiste Desanlis.