L’entreprise générale Bouygues Bâtiment Ile-de-France Habitat social achèvera fin juillet à Nanterre (Hauts-de-Seine) le gros œuvre d’un immeuble R 5 de 58 logements pour le bailleur social Logirep. Apparemment classique, ce bâtiment en béton isolé par l’intérieur présente pourtant une innovation technique. Pour atteindre le niveau de très haute performance énergétique (THPE) correspondant à une consommation d’énergie conventionnelle inférieure de 20 % aux exigences de la RT 2005, l’entreprise a proposé, outre des panneaux solaires pour la production d’eau chaude sanitaire, une variante aux rupteurs de ponts thermiques : l’emploi d’un béton isolant structurel.
Le béton Thermedia 0.6 B, développé par Lafarge et Bouygues Construction dans le cadre d’un partenariat de compétences, est le fruit de quatre années de recherches dans les laboratoires du premier et d’études d’ingénierie de bâtiment, de tests de mise en œuvre et de tests de réception sur l’ensemble des caractéristiques pour le second.
Pont thermique réduit de 35 %
« La formulation de ce béton, brevetée par Lafarge, permet de diviser sa conductivité thermique par trois (? = 0,54 W/m.K) par rapport à un béton standard, précise Patrice Matton, directeur Prospective et développement produits de Lafarge Granulats Bétons. Il réduit ainsi de 35 % les ponts thermiques entre voiles de façade et planchers d’étages dans le cas d’une isolation thermique par l’intérieur. »
Ce béton léger présente une densité de 40 % inférieure à celle d’un béton standard pour des propriétés intrinsèques inchangées : résistance mécanique (Rc = 25 MPa), durabilité, retrait, comportement au feu, résistance sismique sont conformes à la norme NF EN 206-1.
Sur le chantier de Nanterre, les voiles de façade sont réalisés avec ce nouveau béton prêt à l’emploi, livré chaque jour à 13 h depuis la centrale Lafarge de Gennevilliers. Le béton est coulé sans modifier les méthodes de construction. « Fluide et doté d’une bonne ouvrabilité, il est mis en œuvre sans difficulté », constate le chef de chantier Thierry Friquet. Bien que liquide (S4/S5), il doit être vibré par couches successives pour éviter les trous. Et Arnaud Mussat, directeur technique et QSE (qualité, sécurité, environnement) de Bouygues Bâtiment Ile-de-France Habitat social, concède que la densité de ferraillage de ces voiles doit être augmentée de 35 à 40 % par rapport à des murs en béton standard. C’est ce qu’exige l’Eurocode 2 pour les constructions en béton léger. De même, l’enrobage des aciers passe de 3 cm pour un béton classique à 4 cm pour ce béton isolant.
Sur les 3 600 m3 de béton nécessaires à la construction de l’immeuble, 400 m3 seront du Thermedia 0.6 B. « D’ici à la fin 2010, nous aurons construit trois cents logements intégrant ce nouveau béton, soit six opérations, pour un volume de 3 000 m3 », prévoit Arnaud Mussat. Mais aucun des deux partenaires ne souhaite parler de prix. L’entreprise lâche simplement que le coût et le délai de construction avec le béton isolant sont équivalents à une solution béton standard plus rupteurs de ponts thermiques. Bouygues Construction a pendant deux ans l’exclusivité commerciale du produit qui ne sera sur le marché qu’en 2011 ou 2012.
