Pour une entreprise de quelque 200 salariés, dont 80 en France, l’ambition est énorme : décarboner l’industrie cimentière de 50 % d’ici 2030. Pour y parvenir, Conor O’Riain, directeur général Europe d’Ecocem (137,7 millions d’euros de chiffre d’affaires), entend s’appuyer sur sa nouvelle technologie baptisée ACT.
Issue de six brevets, cette dernière, qui se pose en innovation de rupture, permet une substitution du clinker dans le ciment pour viser une réduction de l’empreinte carbone du ciment par trois environ. Soit un taux moyen de clinker de 75 % à moins de 30 %. Pour cela, elle optimise l’usage de fillers calcaires et d’additions minérales locales.
Premier démonstrateur à Dunkerque
A Dunkerque, c’est donc grâce à une joint-venture en cours de constitution avec CB Green, les Carrières du Boulonnais situées à une soixantaine de kilomètres, qu’Ecocem y parviendra. « C’est ici que nous installons notre premier démonstrateur ACT », se félicite Conor O’Riain, qui a décroché son évaluation technique européenne (ETE) en début d’année et travaille activement avec le CSTB pour obtenir un avis technique.
La capacité de production du site dunkerquois, idéalement placé pour servir le marché français comme l’export, devrait alors atteindre 300 000 tonnes par an.
Si déjà 48 millions d’euros ont été investis pour construire ce site branché à celui d’ArcelorMittal pour valoriser son laitier granulé de haut fourneau, l’investissement pour cet agrandissement devrait être du même ordre. Encore en recherche de subventions française et européenne, Ecocem préfère toutefois taire le montant de l’enveloppe. Le tout se fera sur l’emprise foncière de deux hectares déjà en sa possession sur le complexe industrialo-portuaire dunkerquois.
Cette nouvelle ligne de production verra la construction d’un broyeur à fillers, l’augmentation de la capacité de stockage, de mélange, de chargement, et la modification des infrastructures du site. Le groupe franco-irlandais y créera en outre 15 emplois supplémentaires à la trentaine déjà existante à Dunkerque.
Des débouchés sur les grands chantiers français
En ligne de mire, le marché du bâtiment comme celui des travaux publics du nord de la France, d’Ile-de-France et à l’export, notamment le Royaume-Uni, à quelques kilomètres. De grands chantiers comme celui de construction du Grand Paris Express, des futurs EPR à Penly comme Gravelines ou encore du canal Seine-Europe offrent des débouchés d’envergure. « Tout ce que nous allons produire a déjà reçu des marques d’intérêt », se réjouit Conor O’Riain.
Des partenariats avec Cemex France, dont une dizaine d’unités de production prévoit d’utiliser le liant ACT, et un autre avec Point P (Groupe Saint-Gobain), qui programme l’utilisation de la technologie ACT au sein de son réseau de centrales à béton (95 sites) et d’usines de préfabrication, sont d’ores et déjà noués. La technologie ACT ne nécessitant, en effet, pas de modification des outils industriels. Ecocem s’appuiera également sur le retour d’expériences d’un chantier pilote mené en juin dernier pour la construction de logements par Bouygues Immobilier à Saint-Jean-de-Védas dans l’Hérault.
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Pour mémoire, l’usine de Dunkerque, fruit d’une joint-venture entre Ecocem et ArcelorMittal, est la seconde du groupe en France puisqu’elle dispose également d’une unité de production à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Le groupe, fondé par Donal O’Riain en 2000, opère également aux Pays-Bas et en Irlande pour produire au total plus de 2,4 millions de tonnes de ciment bas carbone chaque année.