L'accueil favorable réservé au contrat de Plan lorrain le confirme : femme de confiance, au cours des quinze dernières années, d'élus régionaux aussi différents que Jacques Chérèque et Philippe Séguin, Bernadette Malgorn, préfet de région en poste à Metz depuis 1996, peut s'enorgueillir de susciter le consensus sans jamais se départir de son franc-parler.
Sa position sur le doublement de l'autoroute Nancy-Metz, un sujet qui fâche en Lorraine, illustre cette franchise : « Le débat public engagé l'an dernier a popularisé le thème de la bimodalité. En revanche, il n'a pas apporté de réponses pertinentes sur le tracé, car trop d'interlocuteurs se sont dérobés. D'ici à vingt ans, les infrastructures que nous prévoyons aujourd'hui ne suffiront peut- être plus. Le principe de précaution impose d'acquérir des emprises foncières. Pour l'heure, les cartes des différents tracés possibles évoquent un plat de nouilles. Il est temps d'affiner les itinéraires pour restreindre l'incertitude des élus. » Au Secrétariat général aux affaires régionales (SGAR) en 1983, cette énarque bretonne fut la cheville ouvrière du montage du Pôle européen de développement (PED) à Longwy. Devenue depuis la première femme préfet de région de l'histoire de la République, elle gère à présent la fin de la mission interministérielle de reconversion du site. « Bernadette Malgorn présente une connaissance exceptionnelle des dossiers et s'est dépensée sans compter pour le Pays-Haut », s'enthousiasme Guy Vattier, président de l'Etablissement public de la métropole lorraine (EPML), vice-président du conseil régional de Lorraine et conseiller général de Briey. « L'objectif de 8 000 créations d'emploi que devait générer le PED a été dépassé, mais l'essentiel de ces emplois ont été créés sur le versant luxembourgeois du pôle, d'où une certaine insatisfaction des élus », nuance l'intéressée, qui revendique en revanche une démarche exemplaire en matière de reconquête paysagère, de réhabilitation des friches, de lutte contre les inondations.
Travailleuse acharnée au caractère bien trempé, Bernadette Malgorn évoque pudiquement un réel attachement à la Lorraine. « En 1984, la région a enduré simultanément la crise du charbon, du fer et du textile. Photographe amateur, j'ai fixé sur la pellicule cette histoire très particulière. Aujourd'hui encore, en sillonnant les plaines de la Meuse, les montagnes des Vosges, la colline de Sion, les vallées sidérurgiques, verrières et charbonnières, je suis sensible à la grande beauté formelle de ces sites et j'y lis une belle histoire des hommes. »
Une énarque bretonne attachée à la Lorraine
Formation : Ecole nationale d'administration (promotion Léon Blum).
1983 : sous-préfet de première classe, secrétaire générale pour les affaires régionales de Lorraine.
1986 : directeur adjoint du cabinet du ministre des Affaires sociales et de l'emploi.
1988 : chargée de mission auprès du ministre de l'Aménagement du territoire.
1992 : titularisée préfet.
1993 : préfet hors cadre, directeur du cabinet du président de l'Assemblée nationale.
1996 : préfet de la région Lorraine, préfet de la Moselle.