A la conquête des Etats-Unis. Le lundi 15 avril, Vinci annonçait une prise de participation de 10% dans le capital de l’entreprise américaine NatPower, un investissement qui représente une cinquantaine de millions d’euros. La major française a aussi souscrit à des obligations convertibles pour accroître sa participation à terme, et même exercer une option pour une prise de contrôle.
Une opération de croissance externe comme les grands groupes en réalisent régulièrement. Sauf qu'elle prend ici des allures de pari sur l'avenir : NatPower fait en effet valoir un modèle atypique dans le monde de la production d’énergie renouvelable.
Développeur
« C’est un pur développeur : il acquiert du foncier avec un potentiel de connexion au réseau électrique, puis il s’occupe d’obtenir les permis de construire, les licences environnementales, les droits de connexion, etc. », détaille Christophe Pélissié du Rausas, directeur du développement du groupe Vinci.
Lorsque le terrain est prêt pour la construction, NatPower le revend, notamment via un système d’appel d’offres. L'acquéreur aura gagné un temps précieux, puisque ce type de démarche peut prendre entre trois et quatre ans.
Les infos clés de NatPower
- création en 2019 par Fabrizio Zago
- 1,2GW en portefeuille existant et 2GWs en stade préliminaire
- actif dans le solaire, l’éolien, le stockage d’énergie et l’hydrogène
- siège situé au Luxembourg, bureaux à Milan, Londres et Washington
- projets en Italie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Kazakhstan et au Chili
- 70 salariés
Cobra IS pour coordonner
Que vient donc chercher Vinci dans cette activité naissante ? « Il s’agit d’abord d’accélérer notre développement sur le marché américain des énergies renouvelables », explique Christophe Pélissié du Rausas. Avec ses 26GW installés chaque année seulement sur le solaire selon les estimations de la major, les Etats-Unis représentent le deuxième marché mondial des renouvelables après la Chine. Un marché sur lequel Vinci mise sur sa filiale Cobra IS, appelée à développer ses activités énergies renouvelables dans le photovoltaïque et l’éolienne onshore sur le territoire américain.
« Cobra IS a un accord global avec NatPower pour préempter les projets d’énergies renouvelables « ready-to-build », mais pourra aussi être en codéveloppement dans certaines situations spécifiques », détaille le directeur du développement. Un investissement qui a donc « un intérêt de complémentarité avec Cobra IS », précise-t-il.
« Si l’activité de NatPower a un apport substaniel par rapport à notre ambition d'être un acteur gérant des projets d'énergies renouvelables de A à Z, c'est à dire la conception, la réalisation et l'exploitation, nous pourrons alors envisager une prise de contrôle. »
Des objectifs ambitieux
Cette prise de participation entre en effet dans une stratégie de développement des ENR ambitieuse chez Vinci. « Nous avons annoncé au marché un objectif global au niveau du groupe de 1,5GW développé par an dans le photovoltaïque et l’éolien onshore », annonce Christophe Pélissié du Rausas. Il estime que cela représente un investissement d’1Md€ par an. Actuellement, Vinci réalise 75% de son activité dans le solaire, et 25% dans l’éolien.
Cette prise de participation dans NatPower est aussi l’occasion pour Vinci d'examiner le développement des mégaprojets de batterie de stockage d’énergie au Royaume-Uni. Un marché qui a piqué la curiosité de la major, puisque « ce n’était pas dans notre intention au départ de nous y positionner. Nous avons été convaincus par NatPower. Nous allons examiner le développement de cette nouvelle technologie avec eux et la comprendre par là même occasion », confie Christophe Pélissié du Rausas.
Pour ce qui est de la France, Vinci n’y pense pas, et réserve pour l’instant le développement de ses activités énergie renouvelables via NatPower aux Etats-Unis.