Avec "bpifrance export", le gouvernement veut aider à la création d’ETI "à l’allemande"

Le dispositif « bpifrance export », présenté le 22 mai par Pierre Moscovici, ministre de l’Économie, et la très active Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, est de faciliter l’accès aux soutiens financiers à l’export. Le BTP et surtout les industriels de la construction auront leur rôle à jouer pour redresser notre balance commerciale. 

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Pour aider les PME à l'export, la banque publique d'investissement, bpifrance, a mis au point un nouveau label "bpifrance export".

Le constat est juste, mais connu : si la France a une balance commerciale à ce point excédentaire, c’est que son tissu entrepreneurial est trop hétérogène : quelques champions nationaux – n°1 européen, voire mondial dans leur catégorie – et, très loin derrière, une ribambelle de PME, souvent plus petites que moyennes.

Se développer à l’étranger demande souvent des efforts financiers et humains importants durant plusieurs années, que seuls des groupes d’une taille confortable peuvent se permettre.

Résultat : rares sont les PME hexagonales à s’aventurer hors de leur marché domestique, malgré des produits et des services parfois très innovants.

Le secteur de la construction est un parfait exemple de cette situation : qui, derrière les "trois gros" et leurs dizaines de milliards d’euros de chiffres d’affaires – Vinci, Bouygues et Eiffage – pour partir décrocher de grands contrats dans des contrées lointaines, alors qu’il n’est pas rare de trouver des PME allemandes, mais aussi italiennes ou espagnoles, candidater et parfois remporter des appels d’offres internationaux.

À un moindre degré, le constat vaut aussi pour l’industrie de la construction, avec Saint-Gobain, Lafarge, Schneider et Legrand. L’affirmation a beau en déranger certains dans la classe politique française, le fait est que les Allemands s’en sortent mieux que nous, avec un export dopé par des "Entreprises de Taille Intermé-diaire" (ETI), à la fois familiales et mondialisées. Où sont les Max Boegl (infrastructures), les Grohe (robinetterie), Viessmann (chaudières), Veka (profilés pour PVC), Roto (fenêtres de toit) français ?

« Le but de bpifrance est très clairement d’avoir un tissu entrepreneurial comparable à celui de nos voisins d’outre-Rhin, basé sur l’innovation et l’export. Notre objectif est de contribuer à mettre sur pied des PME de croissance et ETI calibrées pour aller sur les marchés étrangers », annonce sans langue de bois Alain Renck, directeur de l’international d’Oseo, bras armé de l’État en matière de financement de l'innovation et de la croissance des PME, et qui sera l’un des patrons de "bpifrance export".

Même si l’ambition officielle de ce dispositif, présenté le 22 mai par Pierre Moscovici, le ministre de l’Économie et des Finances, et la très active Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, est « de démocratiser l’accès des soutiens financiers à l’export  », c’est bien de s’inspirer du modèle allemand qu’il s’agit. « Grâce aux chargés d’affaires Ubifrance désormais installés dans chaque région (voir l'encadré), nous avons pour ambition de repérer entre 3 000 et 4 000 PME et ETI en croissance, souvent déjà souvent actives à l’étranger, afin d’en retenir 1 000 à qui nous proposerons gratuitement un plan d’affaires sur trois ans en vue de se développer encore davantage à l’international. Au final, l’idée est tout de même de "pousser" un peu ces entreprises vers des marchés bien plus lointains que ce qu’elles avaient pu envisager dans un premier temps, en leur offrant pour cela un cadre rassurant », indique Alain Renck.

Un prêt export unique

"Bpifrance export" ne se limite toutefois pas à cet engagement en faveur de ces 1 000 entreprises et vise, plus globalement, à améliorer l’aide à l’export pour les PME et les ETI, qui jugeaient les dispositifs antérieurs trop complexes. Pour cela, la réforme s’organise autour de trois axes et 15 mesures.

- Simplification : le principal objectif est l’élimination des doublons entre la Coface et Oseo, tout d’abord en assurant le financement des dépenses de prospection par un outil, l’assurance prospection de la Coface, complétée par la création d’une "AP Salon" (dès le 2ème trimestre 2013) et en confiant la gestion des dispositifs de garantie de cautions et garanties de préfinancements exclusivement à la Coface (échéance : 2ème trimestre 2013). À noter également la mise en place d’un produit unique pour les prêts destinés à financer le développement à l’international. À cette fin, "le prêt pour l’export", le "contrat de développement international" et "le contrat de développement participatif d’Oseo" seront fusionnés en un produit unique de financement du BFR appelé "prêt de développement export".

Il prendra la forme d’un crédit compris entre 30 000 et 3 millions d’euros, accordé en complément d’un prêt bancaire pour les montants supérieurs à 150 000 euros. Auparavant, les prêts ne pouvaient pas être inférieurs à 150 000 euros et il était exigé en garantie un prêt bancaire représentant le double de sa valeur, contre 1 pour 1 actuellement. Pour les prêts de plus de 1 million d’euros, un accompagnement personnalisé des bénéficiaires par "bpifrance export" sera automatiquement proposé (échéance : 3ème trimestre 2013).

- Amélioration des produits : on retiendra notamment  la facilitation de l’accès aux crédits fournisseurs, en étendant ce dispositif à des PME et ETI dont le chiffre d’affaires est compris entre 75 et 150 millions d’euros (échéance : 3ème trimestre 2013), mais aussi l’utilisation plus aisée des cautions et des préfinancements export garantis par la Coface en créant une police d’assurance unifiée par exportateur sur laquelle Coface autorisera les banques à imputer des crédits de préfinancements pour des contrats à l'exportation, comme cela existe déjà pour les cautions (échéance : 3ème trimestre 2013). Enfin la couverture du risque de change de la Coface sera améliorée en étendant la garantie de change basée sur une enveloppe de flux et non sur chaque opération d’exportation (échéance : 4ème  trimestre 2013).

- Renforcement de la distribution : l’entrepreneur s’adressera à un guichet unique sous le label "bpifrance export", qui existera dans chaque région.

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