A la suite d'un colloque tenu en décembre dernier, réunissant députés et sénateurs sensibilisés à la question de l'aménagement du territoire, une association pour la réalisation du réseau autoroutier français a été créée. Sous l'impulsion du sénateur Jacques Oudin et du député Michel Inchauspé, cette association vise à dénoncer l'attitude du gouvernement, qui, selon elle, prend des « décisions néfastes pour l'équipement de la France, et ce sans aucun débat devant le Parlement ». « Nous avons encore besoin de 4 000 km d'autoroutes supplémentaires, car nous sommes loin d'être suffisamment équipés, assure Jacques Oudin. Et la question du financement est un faux problème. En réalité, le gouvernement utilise la directive européenne "travaux" pour justifier le blocage de tous les projets autoroutiers, tout en énonçant des critiques infondées sur notre système. »
Alors que le projet de réforme du financement des autoroutes se fait toujours attendre au ministère de l'Equipement, les parlementaires placent donc leurs marques : pas question d'accepter un établissement « Route de France » qui ferait payer aux usagers des tronçons concédés la construction et l'entretien des tronçons gratuits.
Fait intéressant, ces parlementaires estiment qu'aucune réforme n'est nécessaire et que le système de l'adossement est toujours valable, même s'il est contestable au regard des règles générales de concurrence au sein de l'Union. Explication : la publicité européenne ne sous-entend pas la pratique du moins-disant par l'Etat. En revanche, elle oblige à comparer l'offre d'un concessionnaire déjà en place à celle, éventuelle, d'un concurrent forcément demandeur de subventions immédiates. Que le Français soit retenu pour des raisons économiques, ou parce qu'il est déjà en place, les pouvoirs publics seront dans tous les cas de figures soupçonnés de le privilégier.
Reste que, à l'heure actuelle, on considère à la commission des lois du Sénat que la France est en règle vis-à-vis de la Commission européenne, dont la directive ne remet pas en cause le principe des concessions. « Normal ! s'exclame Jacques Oudin. Notre système fonctionne et a fait ses preuves, en particulier parce qu'il s'autofinance. »
GRAPHIQUE : Densité des réseaux autoroutiers en Europe (1995) - La France au 9° rang de l'Europe - La France se situe loin derrière, non seulement, le Benelux, mais aussi, parmi les pays de taille comparable, l'Allemagne et l'Italie.