Autoroutes : l’opposition fait entendre sa voix

Absente du débat jusqu’à ces derniers jours, l’opposition monte au créneau et accuse le gouvernement de "brader le patrimoine de l'Etat".

Face à une situation économique où "tous les indicateurs sont au rouge", Annick Lepetit, porte-parole du Parti socialiste regrette que "la seule urgence du gouvernement soit de privatiser les autoroutes pour bien évidemment faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat".

"On avait bien compris que les caisses étaient vides", a-t-elle ajouté, mais "on n'avait pas pensé que le gouvernement irait jusqu'à brader le patrimoine de l'Etat". "De grands groupes, plus particulièrement étrangers -italiens, espagnols- sont intéressés", "plus en raison de la rentabilité de ces privatisations que de l'investissement", a remarqué la porte-parole.

"On ne sait pas ce que l'Etat va faire de cet argent, comment il va être utilisé, comment va se passer l'entretien de ces autoroutes, comment sera fixé le tarif des péages", s'est-elle inquiétée, regrettant qu'il n'y ait "aucune discussion, négociation, consultation" et dénonçant un "flou total".

De son côté, Denis Baupin, adjoint Verts au maire de Paris chargé des transports, a estimé lundi que le gouvernement faisait "une triple erreur" : "une erreur économique, en bradant au privé une source de recettes importante pour les décennies à venir, une erreur stratégique en se séparant d'un outil d'orientation majeure de la politique de déplacement, une erreur écologique en privant les transports collectifs d'une recette pérenne", telle qu'instaurée par le précédent gouvernement.

"Si le gouvernement persiste aujourd'hui, il sera non seulement responsable mais coupable d'avoir privé la France d'un outil indispensable pour lutter contre le changement climatique et la dépendance pétrolière", a souligné M. Baupin.

Enfin, le parti communiste français a dénoncé la "prime de rentrée du Medef" que constitue selon lui la privatisation des autoroutes.

"C'est une véritable fuite en avant", estime le PCF dans un communiqué, regrettant que cette décision "critiquée même au sein de sa majorité ne (fasse) même pas l'objet d'un débat parlementaire" car "c'est seulement la procédure qui sera présentée à l'automne devant le Parlement".

"Le gouvernement Villepin n'ose même plus présenter ses mesures à sa propre majorité, mais sans doute le Medef a-t-il été consulté", ajoute le PC.

"La recette de ces privatisations ne représentera qu'1% de la dette publique. Ajouté à l'absence totale de démocratie, c'est bel et bien une grave erreur qui n'a d'autre justification que d'être la prime de rentrée du Medef", conclut-il.

Le ministre délégué aux Collectivités territoriales, Brice Hortefeux a rétorqué sur RTL, qu’au contraire, le processus de privatisation des sociétés d'autoroute est "un système gagnant-gagnant".

En premier lieu, la privatisation va permettre à l'Etat, "tout de suite, d'encaisser 11 milliards d'euros". Ensuite, a ajouté le ministre, elle "ne va pas empêcher les travaux à venir" pour la modernisation du réseau autoroutier et "les infrastructures dont notre pays a besoin". "Les financements seront assurés" et ils seront même "en progression de 400 millions (d'euros) l'année prochaine", a-t-il affirmé.

Enfin, "les concessions ne sont pas définitives. A un moment donné les autoroutes reviendront dans le giron de l'Etat", a souligné M. Hortefeux.

J-P D.

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