Sauf coup de théâtre, la course contre-la-montre au Parlement européen est gagnée. Pour leur rentrée, ce 15 juillet, les anciens et nouveaux eurodéputés empreinteront un parvis et un pavillon d’accueil restructurés, au pied de l’hémicycle de Strasbourg (Bas-Rhin). Les dernières réglages s’y opèrent sous l’œil scrupuleux des responsables du projet au sein de l’institution européenne.
L’entreprise générale alsacienne CKD et ses sous-traitants - Colas en terrassement/VRD, Soprema en étanchéité, Eiffage Métal, le plâtrier Werey Stenger, l’électricien Sovec, le groupement EJE/Génie climatique de l’Est en chauffage-climatisation, Boon Edam en équipements de sécurité, Dicker pour le gros œuvre… - ainsi que leur maîtrise d’œuvre (AEA architectes, mandataire, et le BET Serue Ingénierie) auront redoublé d’efforts afin de tenir les délais. Les trois ans et demi alloués n’auront été confortables qu’en apparence. Le calendrier n’a pas seulement été perturbé par la crise sanitaire, il a dû composer, avant la campagne électorale, avec une semaine d’arrêt tous les mois, imposée par le rythme des sessions parlementaires plénières strasbourgeoises.
Dalle renforcée
L’opération, d’un montant d’un peu plus de 21 millions d’euros HT, s’est décomposée en quatre phases. Les premiers coups de pioche remontent à début 2021, pour le démarrage des travaux d’aménagement d’une rampe d’accès spécifique aux poids lourds. « Elle concrétise l’un des objectifs principaux, la sécurisation des flux par leur séparation selon le type de véhicules », relève Stéphane Corneille, chef de service chez CKD. Les voitures autorisées à accéder à l’enceinte du Parlement empruntent désormais une autre rampe descendante, jusqu’au parking enterré de trois niveaux. Ce nouvel ouvrage de 1 200 places a été édifié, pour son plafond haut, sur une partie de la dalle existante du parvis. Celle-ci a fait, dans ce but, l’objet d’un renforcement au moyen de lamelles (les « plats ») en carbone. L’autre partie, entièrement neuve, est fondée sur des pieux.
Un aménagement majeur a également été réalisé au niveau du parking pour l’évacuation des eaux de pluie, en vue de supprimer le précédent dispositif par siphons. « La recharge béton créant la pente a été posée en biais, de sorte à acheminer l’eau de ruissellement vers les caniveaux de réception », décrit Stéphane Corneille.
Plafonds acoustiques sur structure métallique
Aux yeux des usagers et visiteurs, la reconfiguration s’incarnera dans le nouveau pavillon. Murs végétalisés, parquet de chêne, murs-rideaux en partie en Corian, autres murs rétro-éclairés, stuc : les matériaux et aménagements se veulent à la hauteur de la tâche assignée à l’institution dans le façonnage de la vie de 450 millions d’Européens. Avant de s’élever vers l’hémicycle et les autres salles depuis le parvis du bâtiment Louise-Weiss, ils feront un mouvement de descente, pour accéder par le premier sous-sol du pavillon, à hauteur du premier niveau du parking. Son plafond acoustique a mobilisé la technicité des entreprises, l’Alsacienne Werey Stenger en premier lieu, afin de caler son isolation en laine de verre et l’enduit minéral la revêtant dans une structure porteuse métallique tenue tous les mètres par une tige filetée, et de la glisser au milieu des divers réseaux de fluides et d’électricité.
Verrière imposante
Cette zone névralgique s’enveloppe d’une verrière aux dimensions spectaculaires - 55 mètres de longueur, 4,5 mètres de hauteur apparente, 5 mètres de largeur – confectionnée par Eiffage Métal à partir d’une structure porteuse en verre collé titulaire d’une Atex. Répondant aux spécifications les plus élevées de protection contre les chocs et les effractions, son vitrage incarne la quête de sécurisations maximales des équipements liée à la reconfiguration.

Le nouveau pavillon d’accueil se situe au premier niveau du sous-sol, il est recouvert d’une longue verrière de 55 mètres. © Christian Robischon