Le constructeur de maisons individuelles Geoxia (Maisons Phenix, Maison familiale, Maison Castor et Maison Briot) est placé en procédure de redressement judiciaire depuis le 24 mai dernier.
Plusieurs offres de rachat ont été proposées, mais selon une source proche du dossier, « elles ne tiennent pas la route, deux offres ne sont pas financées, et nous considérons les autres comme des offres partielles car elles ne reprennent pas les usines, ça va être catastrophique ». Rappelons que les maisons Phenix sont justement préfabriquées en atelier… Le groupe se compose de 1200 collaborateurs, qui craignent pour leur emploi et 1 600 chantiers sont en cours.
Lettre ouverte à Emmanuelle Macron et Bruno Le Maire
Les dirigeants de l’entreprise ont donc envoyé une lettre ouverte à Emmanuel Macron, et à Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. « Le Moniteur » se l’est procurée. « Faute de repreneur à date, la liquidation judiciaire pure et simple prononcée à la fin du mois est désormais à craindre », écrivent les auteurs du courrier en préambule. Rendant difficile la livraison des projets commencés.
Interpellé sur le dossier Geoxia dans le cadre d’une conférence de presse organisée mi-juin, Loïc Chapeaux, chef du service économique de la Fédération française du bâtiment (FFB), indique : « Geoxia signe des CCMI. Ce qui signifie que les clients sont couverts par une garantie de livraison, les chantiers seront menés à leur terme. Enfin, toutes les assurances ont été contractées, les entreprises de construction seront elles aussi couvertes. »
Un procédé industriel unique… rendant difficile toute prise de relais
Mais selon Geoxia, les choses ne seraient pas si simples pour les acheteurs concernés et les sous-traitants. Selon notre source bien informée, 10 000 salariés de sous-traitants pourraient être impactés par la mise en liquidation de l’entreprise. « Jamais la profession n’a connu un sinistre de cette ampleur sur la quasi-totalité des territoires ce qui rend extrêmement compliquée la possibilité de trouver des entrepreneurs capables de se substituer à Geoxia et fait peser une grande incertitude sur les délais éventuels de réalisation », indique Geoxia dans son courrier.
Par ailleurs, en cas de liquidation judiciaire, les usines seraient mises à l’arrêt. Et les 1600 chantiers « seraient stoppés », redoute le management de l’entreprise. « La construction des maisons Phenix implique un procédé industriel unique en France qui ne pourra plus être opéré si les usines qui fabriquent les éléments constitutifs ne peuvent poursuivre leur activité, arrêt qui interviendrait immédiatement et mécaniquement dans l’hypothèse du prononcé d’une liquidation judiciaire. L’achèvement des chantiers en question ne sera donc pas possible. »
Enfin, Geoxia décrit des situations personnelles difficiles vécues par leurs acheteurs et relayées dans la presse régionale. « Les chantiers étant à l’arrêt, ils se trouvent confrontés à la nécessité de commencer à rembourser leur emprunt bancaire, parfois à devoir trouver des solutions de relogement temporaires et dans une totale incertitude sur le point de savoir quand exactement le chantier va pouvoir reprendre. »
Solution alternative qui a le soutien des deux administrateurs judiciaires
Geoxia propose donc une solution alternative, déposée dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, qui a le soutien des deux administrateurs judiciaires nommés pour soutenir la direction du groupe, et qui associe les salariés et les partenaires sociaux (CGT et CFDT). Ce projet de reprise a pour objectif de « terminer l’ensemble des chantiers en cours et de préserver le maximum d’emplois possibles ».
Cette offre nécessite un soutien financier de l’Etat, de l’ordre de 70 M€. « Ce financement peut prendre la forme d’un prêt FDES (fonds de développement économique et social, NDLR) ou fonds de transition. Pour 35 M€ environ il s’agit de financer le besoin en fonds de roulement et il pourra être remboursé dès qu’une solution de financement court terme pourra être mis en place. Le solde qui correspond au financement des pertes liées aux chantiers en cours pourra être remboursé in fine sur 10 ans comme un prêt subordonné », peut-on lire dans la lettre ouverte.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les dirigeants de Geoxia proposent même qu’un manager « qui aurait la confiance de l’Etat » soit associé à la direction, afin que la puissance publique puisse s’assurer « de la mobilisation efficace des fonds ». Cette offre sera examinée par le tribunal le 28 juin prochain. A cette date, il devra se prononcer sur la liquidation de l’entreprise.