Un modèle industriel et sociétal. C'est avec cette idée en tête que Victor Lamego s'est lancé en septembre 2023 dans l'aventure Occitanie Geotex, un projet d'usine de fabrication de géotextiles biosourcés à partir de chanvre produit localement. L'entrepreneur ariégeois s'est intéressé à la plante dès 2022 et a constitué un groupement de 20 agriculteurs qui en ont planté 13 ha en phase de test. Le groupe s'est élargi à une centaine d'agriculteurs, et la surface atteindra 420 ha cette année et 1 200 ha en 2026 ; le rendement étant de 5 t/ha. Cette production alimentera son usine de 10 000 m2 , dont la construction démarrera en juillet sur une friche industrielle de Laroque-d'Olmes (Ariège) en vue d'une livraison l'an prochain.
Les fibres de chanvre utilisées pourront être combinées à des minéraux pour apporter de la résistance. « Ce type de produit pourra remplacer 50 % des 140 millions de m2 de géotextiles utilisés par an en France et fabriqués avec des produits issus de la pétrochimie, met en avant Victor Lamego. Nous visons les marchés de travaux de stabilisation dans des secteurs touchés par l'érosion et ceux de revégétalisation de talus. Notre géotextile étant biodégradable, il ne convient pas encore aux travaux liés aux routes ou à l'enfouissement, mais nous travaillons déjà sur des procédés qui pourraient durer entre vingt et trente ans. »
Chaufferie bois et eau recyclée. Le process d'Occitanie Geotex intègre également un volet environnemental fort : les poussières issues de la récupération des fibres de chanvre viendront alimenter une chaufferie bois ou seront utilisées pour l'épandage dans les champs. Quant à l'eau utilisée pour la production, elle sera recyclée à 96 % à l'aide d'un filtre à sable. Victor Lamego cherche par ailleurs des partenaires pour fabriquer des blocs d'isolant à partir de la chènevotte.
Si le prix de vente de son géotextile s'élève à 2,50 euros/m2 , contre 0,80 et 1,40 euros/m2 pour un géotextile classique, il reste pour l'instant la seule solution qui combine environnement et développement économique non délocalisable. Ce projet dont l'investissement atteint 30 M€ a notamment été soutenu par le plan France 2030 (6 M€) et l'Agence régionale des investissements stratégiques (2 M€).