Dix ans après la rencontre de Tokyo, qui avait pour thème « La qualité de la ville », architectes, philosophes, historiens et géographes se sont réunis pour confronter leurs idées. Organisé à Paris (1), à la Maison de la culture du Japon récemment inaugurée, le sommet franco-japonais invitait à réfléchir au devenir de la ville, question d'actualité pour les deux pays en prise respective avec les problèmes de banlieue et de reconstruction, après la catastrophe de Kobe. Trois questions articulaient le débat : culture urbaine et fabrication de la ville, question de styles en architecture, et images virtuelles. Y participaient notamment les architectes japonais Tadao Ando, Arata Isozaki, Fumihiko Maki, et français, Henri Ciriani, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc.
Récurrente dans les discussions, la problématique fondamentale de l'universalité et du régionalisme, a été débattue. A l'heure où la mondialisation menace les pays d'homogénéisation, le parallèle entre cultures japonaise et française a fait ressortir leurs spécificités, notamment sur la notion d'espace. Mais, a souligné Arata Isozaki, « le Japon est un village planétaire, ce pays a déjà brisé ses frontières, pas son insularité ».
Cités et sociétés virtuelles
Corrélative à la question de la mondialisation, la discussion a porté sur la mise en réseau informatique, à l'origine de cités et de sociétés virtuelles. Koichi Kabayama, historien, a rappelé qu'aux Etats-Unis, on parle de « net-citizens ». Au-delà de la nécessité d'imposer une éthique dans cette discipline, il s'est demandé si ce réseau pouvait avoir un impact politique sur les sociétés et servir de base à une nouvelle démocratie.
La question des styles et de la responsabilité de l'architecte a été évidemment posée. Françoise Choay a réinterrogé les procédures de la discipline, Christian de Portzamparc l'utilité de l'architecte. François Barré, directeur de l'architecture et du patrimoine, a conclu les discussions : « Même si le sommet était trop court pour des questions si vastes, on est allé bien au-delà du consensus. » Et d'inviter, dans nos sociétés en constante mutation, à ressaisir les éléments d'une pensée de plus en plus éclectique, et à se nourrir de récits quotidiens, « au moment où l'on parle de performance plus que de progrès ».
(1) Par la direction de l'architecture, le département des affaires internationales du ministère de la Culture et le quotidien japonais «L'Asahi Shimbun» dans le cadre de l'année du Japon. La veille, Tadao Ando, Arata Isozaki et Fumihiko Maki avaient été faits officiers des Arts et des Lettres au ministère de la Culture par le directeur de l'architecture, François Barré, en présence de l'ambassadeur du Japon en France, Koïchiro Matsuura.