Arcelor-Mittal, une nouvelle donne pour l'acier mondial

Après cinq mois de bataille boursière acharnée, le sidérurgiste européen Arcelor a donc finalement consenti dimanche 25 juin à fusionner avec son rival Mittal Steel, pour créer un géant mondial de l'acier. Le nouveau groupe fusionné, qui sera baptisé "Arcelor-Mittal" et basé à Luxembourg, sera de loin le premier producteur d'acier au monde, avec 116 millions de tonnes par an, trois fois plus que n'importe quel concurrent. En cumul, son chiffre d'affaires sera de 60 milliards d'euros et ses effectifs de 320.000 salariés, sauf restructurations. Le groupe de l'Indien Lakshmi Mittal, cinquième fortune mondiale, qui avait lancé le 18 mai une OPA hostile, a arraché l'accord de la direction du groupe européen en relevant son offre et en acceptant d'être minoritaire dans le nouvel ensemble.

Selon Arcelor, cette fusion consistera à terme en une "absorption de Mittal par Arcelor". Mittal proposera aux actionnaires 40,40 euros par action Arcelor, contre 37,74 euros jusque-là, et combinera une offre en titres (69% de son offre) et en cash (31%), le total en cash étant de 8,5 milliards d'euros. L'offre totale serait donc mathématiquement de 27,4 milliards d'euros, contre 25,8 milliards proposés depuis le 19 mai.

Dans le nouveau groupe, les actionnaires d'Arcelor détiendront 50,6% et ceux de Mittal 49,4%, dont 43% pour la famille Mittal. Le conseil d'administration comportera 18 membres, 12 venus d'Arcelor et 6 désignés par Mittal. Les principaux dirigeants d'Arcelor resteront à leur poste dans le groupe fusionné, dont le patron exécutif d'Arcelor Guy Dollé.

Arcelor a assuré par ailleurs qu'aucune restructuration, ni plan social ne seront décidés dans ses sites en Europe. Le projet de fusion a été avalisé par un conseil d'administration d'Arcelor réuni pendant 9 heures dimanche, il a recommandé à l'unanimité à ses actionnaires d'apporter leurs titres à l'offre de Mittal, rejetant un projet de mariage avec le russe Severstal. Un projet qu'Arcelor avait pourtant initié. C'était sans compter sur le rejet que susciterait un tel projet chez ses actionnaires et administrateurs, contraignant la direction à finalement accepter l'offre de Mittal.

Le groupe Mittal s'est dit "ravi" du consentement de la direction d'Arcelor et a estimé "avoir payé le juste prix". Severstal s'est dit de son côté "très surpris" d'avoir été éconduit et n'a pas exclu de modifier une nouvelle fois sa proposition de mariage avec Arcelor.

L'accord Arcelor constitue une véritable volte-face alors que le groupe européen et son patron Guy Dollé s'employaient depuis des mois à échapper au raid de leur ennemi juré, à grand renfort d'invectives et campagnes de presse.

Arcelor emploie 96.000 personnes dans plus de 60 pays dont 27.000 en France. Mittal compte 225.000 personnes avec 22 sites de production dans 14 pays.

En Inde, le ministre du Commerce Kamal Nath a déclaré qu'un tel accord "démontrait les capacités entrepreneuriales de l'Inde". En Belgique aussi, le gouvernement de Wallonie, qui détient 2,4% d'Arcelor, était satisfait.

En revanche, le député UMP Nicolas Dupont-Aignan a jugé dimanche que la France devait dire non au "hold-up de Mittal" et appelé le gouvernement à "agir". Celui-ci est resté silencieux pour l'heure.

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