« Anticiper les sinistres »

YVES MAGNAN, président du Collège national des experts-architectes français

Yves Magnan, président du Collège national des experts-architectes français ainsi que président du Conseil national de l'Ordre, souhaite un élargissement des missions des 400 professionnels reconnus comme auxiliaires de justice. Il répond aux questions du « Moniteur ».

Le rôle de l'expert-architecte s'avère de plus en plus important dans les contentieux de la construction. Comment définissez-vous votre mission ?

L'expert-architecte reste avant tout un technicien et un généraliste de l'acte de bâtir. Mais il est également un praticien qui met son expérience professionnelle et son indépendance au service du citoyen et du magistrat. Lorsque la justice nous missionne, nous abordons le bâtiment de manière globale, mais en employant une démarche inverse à celle de l'architecte traditionnel, puisque nous «déconstruisons» .

Cette mission peut-elle ou doit-elle évoluer ?

Aujourd'hui, nous analysons et formulons un avis, mais lorsque notre rapport est rédigé, le sinistre est toujours là. Je pense que le rôle de l'expert-architecte devrait peu à peu évoluer vers une intervention«en amont» , notamment dans le secteur de la réhabilitation qui constitue plus de 70 % du marché. Notre travail devrait s'orienter vers la recherche des pathologies d'un bâtiment avant même que le sinistre ne se déclare. Le maître d'ouvrage, comme le particulier, devrait pouvoir saisir l'expert dans une démarche architecturale de prévention .

L'expert-architecte est-il formé pour répondre aux problèmes juridiques de plus en plus complexes ?

Depuis la mise en oeuvre de la loi sur l'architecture, une multitude de textes et de décrets d'application se télescopent. Cette complexité a poussé notre Collège à engager une démarche qualité au niveau de la formation continue des experts. Cette formation est d'autant plus indispensable que l'expert n'a pas le droit à l'erreur. Il n'est pas protégé par son statut et sa responsabilité peut être engagée si les règles de procédures ne sont pas scrupuleusement respectées.

Dans le cursus de formation tel que nous le proposons aujourd'hui, le candidat à l'expertise doit suivre quatre stages thématiques en préalable des deux années passées auprès d'un architecte-expert confirmé. Cette démarche, qui permet d'accéder au tableau du Collège, s'avère de plus en plus pointue. Elle peut aller jusqu'à la certification de l'expert-architecte européen .

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