Alors que le ministre de la Ville Patrick Kanner affirmait lors de ses vœux à la presse vouloir accélérer « la mise en œuvre de l’Anru 2 » et « voir des grues dès 2016 », le lancement rapide des opérations dans les quartiers sensibles semble compromis. Selon le ministre, si le lancement de l’Anru 2 prend autant de temps, c’est parce que « les équipes de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru, NDLR) veulent des dossiers de qualité ». Dans les faits, ce retard pourrait être davantage lié aux modalités de financement qu'à l'exigence des équipes de l'Anru.
Des fonds propres pour financer la démolition
Toujours selon Patrick Kanner, les premières opérations lancées dans les 200 quartiers d’intérêt national de l’Anru 2 seraient certainement « des démolitions » pour « montrer aux habitants que les choses bougent ».
L’Union sociale pour l’habitat (USH), qui a lancé une étude sur les premiers projets présentés à l’Anru par les bailleurs sociaux, montre que « dans certains cas, les aides de l’Anru permettent de mener à bien le projet. Dans d’autres, elles sont insuffisantes, en particulier lorsqu'il s'agit d'opérations de démolition. Les organismes HLM doivent parfois investir des fonds propres pour financer les démolitions », indique un proche du dossier, à l'occasion des voeux de l'USH.
Or les bailleurs sociaux se montrent réticents à investir leur propre trésorerie dans des démolitions, la fléchant sur le lancement d’opérations de rénovation ou de construction. « Il ne faudrait pas que ces problèmes de financement deviennent un frein à la décision ou à l’ambition de ces projets, s’inquiète notre interlocuteur. Le projet doit primer sur les montages financiers. »
L’Anru se dit à l’écoute
Averti de ces difficultés, François Pupponi, président de l’Anru et député-maire (PS) de Sarcelles (Val d’Oise), a confirmé les craintes de l’USH. « Il existe des cas où la subvention de l’Anru ne suffit pas à couvrir le coût technique de la démolition. » Le député-maire s’est montré ouvert à la discussion en assurant que ses équipes allaient « regarder et analyser les dossiers présentés pour mener une expertise technique. Si la règle doit évoluer, elle évoluera, à condition d'en démontrer concrètement la nécessité, dossier par dossier. »