Altarea ou Primonial : à qui la faute ?

A la surprise générale, Altarea a annoncé mercredi 2 mars renoncer à l'acquisition de Primonial. Le Moniteur donne la parole au groupe immobilier et au gestionnaire d'actifs qui se préparent à un match judiciaire.

 

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Altarea PDG Alain Taravella
Alain Taravella, président-fondateur d'Altarea.

Une opération de 1,9 Mds€ qui tombe à l’eau le jour de la signature… Altarea et Primonial avaient fixé la date du mercredi 2 mars pour boucler l’affaire. Au lieu de ça, le groupe immobilier coté (Cogedim, Pitch Immo...) a renoncé à l’acquisition du gestionnaire d'actifs. La raison invoquée dans le communiqué : le « non-respect - tant sur le fond, la forme et les délais - des stipulations du protocole d’acquisition signé en juillet 2021 ».

Concrètement ? Le service communication d’Altarea explique que le vendeur lui a envoyé cinq jours avant la signature du closing « plus de 500 documents », qui supposaient, entre autres, de modifier les montages juridiques.

Confirmation de Stéphane Vidal, PDG de Primonial : « J’ai signé des dizaines de PV d’assemblée générale qui préparaient une fusion, une augmentation de capital... pour intégrer la structure au périmètre d’Altarea. Dans les LBO (« leverage buy-out » ou rachat avec effet de levier, NDLR), c’est monnaie courante. On n’est pas les seuls à le savoir ! »

« Le prétexte de la guerre en Ukraine »

Ces « modifications sans prévenir » demandaient du temps, que l’acquéreur n’avait visiblement pas. « On n’était pas à trois jours près », lâche Stéphane Vidal. Et de rappeler : « Dans le respect du protocole, changer la date du 2 mars aurait engendré un décalage d’au moins vingt jours ouvrés, délai nécessaire pour la bonne exécution des opérations préalables, nous faisant prendre ainsi le risque de dépasser la date limite de mise à disposition du financement arrangé par Altarea. »

Une source représentant les intérêts des plus de 220 parties prenantes côté Primonial (personnes physiques, holding familiales) pointe « le prétexte de la guerre en Ukraine ». « Alain [Taravella, président-fondateur d’Altarea, NDLR] a dit que non, et je veux bien le croire, assure Stéphane Vidal. Mais il faut reconnaître que la situation en Ukraine ne nous aide pas à prendre des décisions importantes. Nous sommes tous perturbés par ce qu’il se passe à deux heures d’avion. »

Si l’heure est à la mobilisation des avocats, la tristesse domine. « C’était un projet industriel structurant pour nous et pour eux, ce n’était pas un investissement spéculatif », commente Altarea. La direction de Primonial et ses actionnaires Bridgepoint, Latour Capital et Société Générale Assurances voulaient former un nouveau groupe capable d’intervenir, en tant qu’investisseur et développeur, sur toutes les classes d’actifs. Altarea visait, pour Primonial, les 50 Mds€ d’actifs immobiliers sous gestion en Europe à horizon 2025.

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