Convaincu que des actions de décarbonation pouvaient déjà être mises en place pour réduire les émissions de CO2 des véhicules et engins de chantier, Ludovic Chevènement, à l’époque technicien expert en motorisation dans l’automobile, créé en 2020 l’entreprise AlphaGreen.
« Nous souhaitons être un acteur de la transition énergétique avec la conviction que les entreprises peuvent agir dès maintenant sur la motorisation thermique actuelle, en parallèle de l’électrification de leur parc et de l’investissement R&D dans d’autres technologies dont l’hydrogène, confirme le président fondateur de la société. Le parc thermique, à l’échelle mondiale, ne va pas disparaître. Toutes les solutions sont donc bonnes à prendre pour décarboner. »
Détartrage de cafetière
Pour agir, elle a développé une technologie qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et les polluants de type oxydes d’azote (NOx) et hydrocarbures (HC), qu’entendent bannir les Zones à faibles émissions (ZFE).
« Par analogie, notre technologie peut en quelque sorte être comparée à un détartrage de cafetière. Concrètement, en injectant de l’hydrogène juste après le filtre à air du moteur de la machine sur laquelle nous intervenons, nous réalisons un nettoyage interne du moteur qui voit alors ses performances restaurées quasiment à l’origine. Ce désencrassement permet ainsi de prolonger la durée de vie du moteur et de ses composants et d’améliorer son efficacité énergétique tout en réduisant toutes les émissions polluantes », détaille le président de l’entreprise dont les clients sont des transporteurs, des exploitants de carrières ou encore des entreprises de travaux publics.
Intervenant pour le compte de Roger Martin depuis 2021, elle a déjà permis au groupe d’éviter l’émission de 1 400 tonnes de CO2 et de réduire de 46% ses émissions de polluants en traitant plus de 200 moteurs à ce jour. En outre, sa technologie a assuré à l’entreprise de travaux publics d’optimiser son efficacité énergétique de 10,8% par une baisse de ses consommations de carburant et de réaliser des économies en évitant le remplacement de 107 filtres à particules (FAP).
« C’est un gain significatif car il faut savoir que, selon le type d’engin de chantier, le coût d’un FAP peut varier de 2000 à 15 000 € pièce », précise Ludovic Chevènement.
Des stations mobiles de production d’hydrogène
Avec ses trois véhicules d’intervention, des Citroën Type H embarquant chacun une station produisant de l’hydrogène par électrolyse à partir d’eau déminéralisée, AlphaGreen se déplace chez ses clients. « Une demi-journée d’immobilisation pour désencrasser le moteur d’une machine est nécessaire. L’intérêt de notre solution, c’est que nous nous rendons sur site avec notre station mobile, ce qui permet après notre intervention programmée en matinée par exemple, de pouvoir remettre en route la machine l’après-midi », explique-t-il.
« Nous nous adaptons aussi à la saisonnalité des activités de nos clients afin d’intervenir dans les périodes les plus creuses et les moins pénalisantes pour eux », ajoute-t-il.
Un programme complet d’entretien
Le groupe Roger Martin a souscrit au ProgramByAlphaGreen, un accompagnement sur trois ans qui couvre la gestion de sa flotte (soit environ 300 moteurs traités en 2024) avec la réalisation de check-up complets et nettoyage de tous les moteurs jusqu’au suivi d’opérations de maintenance prédictive préconisées pour prévenir les pannes. « Grâce au check-up complet, nous pouvons apporter aussi notre expertise en maintenance prédictive, avec des points trimestriels, en recommandant des interventions à réaliser pour prévenir des pannes », détaille-t-il.
En 2023, AlphaGreen a aussi signé un partenariat stratégique de quatre ans avec CertiNergy&Solutions grâce auquel l’entreprise peut créer des fiches CEE (certificats d’économies d’énergie) permettant à ses clients de revaloriser leur baisse de consommations avec des primes CEE.
Depuis 2020, l’entreprise a traité 4700 moteurs et ses services sont de plus en plus demandés. Pour répondre à cette activité, elle entend doubler sa flotte de véhicules stations en début d’année prochaine puis à nouveau à l’été 2025, ce qui porterait à une dizaine le nombre de techniciens. Entre 2022 et 2023, l’entreprise est parvenue à doubler son chiffre d’affaires pour atteindre les 650 000€. Cette année, celui-ci pourrait s’établir à plusieurs millions d’euros.
