« Cette usine est représentative de notre production de produits peu carbonés », annonce Christophe Lagrange, directeur de l’offre chez Alkern, en arrivant au site de Mouy-sur-Seine (Seine-et-Marne). 2 M€ ont été investis par Alkern depuis 2019 pour transformer la chaîne de production de cette usine de dix collaborateurs, qui fait notamment des blocs à isolation en mousse de ciment, et majoritairement des gammes de produits rectifiés. Le fabricant de béton préfabriqué veut devenir un acteur incontournable du bas carbone, et affiche déjà 45 % de son offre « peu carbonée, isolante et recyclable », selon Christophe Lagrange. C’est dans cette optique que le groupe a présenté, le 7 juin dernier, ses grands axes de développement mais aussi les enjeux propres à l’actuelle période d’inflation et d’évolution des réglementations.
Poursuivre la croissance
Avec un chiffre d’affaire de 256 M€ en 2022, une acquisition en avril 2023 (ADG Béton) et une autre prévue d’ici fin 2023, Alkern se porte bien. Mais le fabricant veut tirer les leçons d’une année 2022 complexe. À commencer par « la déception » d’une baisse de 2 % d’activité des travaux publics (23 % du CA en 2022), « à cause de l’inflation qui a freiné les investissements des communes », note Xavier Janin, le président d’Alkern. L’aménagement extérieur a chuté de 13 % (26 % du CA), « les particuliers ont gelé leurs projets en 2022, après les gros investissements dans les jardins en 2020 et 2021 ». Et si le bâtiment a augmenté de 3 % (45% du CA), l’activité a ralenti en fin d’année avec la baisse des ventes de maisons individuelles.
Ce contexte économique complexe a aussi joué en faveur du fabricant. Alkern a pris des parts de marché sur la brique, et les collectivités sont séduites par la transformation de ses infrastructures vers le décarboné (56 sites de production, dont 54 en France), à l’image du projet de reconstruction de l’usine Alkern Seine-Eure (à Bernière-sur-Seine), subventionné à hauteur de 2 M€ par l’État et la région Normandie. La reconstruction de ce site industriel doit démarrer au début de l’été 2023. Une usine « visionnaire », précise Christophe Lagrange, qui produira des solutions de ciments bas carbone, des produits minéraux et végétaux - notamment des blocs de béton miscanthus - et qui permettra à Alkern d’économiser 2000 à 3000 tonnes de CO2/an.
Étoffer l’offre
En marge de la mise en place de la RE2020, l’industriel développe encore plus en 2023 ses produits décarbonés. Par exemple en étoffant sa gamme de dalles et pavés Gamme O’, des produits qui luttent contre les îlots de chaleur urbain avec une température de surface inférieure de 7 °C à celle pavés classiques. Le fabricant veut aussi pousser son offre béton-bois en mettant en avant son bloc Natur R1, à faible bilan carbone.
Les défis restent cependant présents en 2023. Les ventes de maisons individuelles sont toujours en baisse, l’inflation fait augmenter le prix de certaines matières premières jusqu’à 17%, l’économie est peu porteuse et la mise en place de la REP est compliquée (« on rajoute de l’inflation à l’inflation » estime Xavier Janin). C’est pourquoi, avec sa stratégie anglée bas carbone, l’industriel entend tirer son épingle du jeu. « Ce qu’on nous demande en termes de décarbonation est colossal, mais on veut être un acteur incontournable de cette révolution », conclut le président.
