Trois questions à Alain Tieles, Délégué général du Syndicat des Entrepreneurs de Construction Paris Ile-de-France (SEC) et directeur du projet MÉDÉ (Mission pour les échanges dématérialisés).
Quel est le rôle du projet MÉDÉ que vous dirigez ?
Ce projet est né en juillet 2005 autour de 30 entreprises pilotes et d’une problématique principale : la réponse dématérialisée aux appels d'offres publics. Notre objectif n'est pas d'être une nouvelle plate-forme, mais de créer un guichet unique pour les entreprises de bâtiment.
A partir de l'expérience de ces pilotes, vous avez publié un "Petit Livre Rouge" sur les usages et les attentes des petites et moyennes entreprises du bâtiment en matière de dématérialisation des appels d'offres publics (consultable sur www.mede.fr). Quels enseignements en tire-t-on ?
Nous avons pu faire un état des lieux et identifier les freins et les contraintes qui empêchent les entreprises de répondre par voie électronique. Un constat s'impose : l'entreprise a été la grande oubliée dans la volonté des pouvoirs publics d'engager le secteur sur la voie du numérique. Aujourd'hui, nous ne constatons plus de problème au niveau de l'équipement, mais il y a encore des freins qui se justifient, notamment par l’absence de pratiques cohérentes et faciles d’usage. Ainsi par exemple, le Minefi a agréé 14 certificats mais tous ne sont pas utilisables sur l'ensemble des plates-formes. Autre exemple : il existe de nombreuses plates-formes mais toutes, ou presque, ont développé un système propriétaire, ce qui oblige les entreprises à s'identifier sur chacune d'entre elles. Songez que certains pilotes gèrent plus de 30 mots de passe différents !
Face à une telle situation, que préconisez vous ?
Nous allons tout mettre en œuvre pour rendre compatibles et communicantes, c'est-à-dire interopérables, toutes ces plates-formes entre elles en apportant aux entreprises un guichet unique dédié au bâtiment et à la commande publique. En créant un "hub" -pour reprendre l'image aéroportuaire- fédérant le meilleur de la dématérialisation et des apports des partenaires associés au projet.
Concrètement, MedeOnline offrira à l'entreprise un espace privatif sécurisé où elle disposera d'un identifiant unique, d'une base de contacts qualifiés MÉDÉ, d'une boîte à outils (antivirus, signature…), d’un “assistant MÉDÉ qui offrira des modèles type, formats communs, etc., mais aussi des solutions en rapport avec la performance attendue de toute entreprise de bâtiment que les TPME attendent : banque en ligne, financement du développement, assurance, pré requis informatiques etc. De cet espace, elle pourra par exemple effectuer des téléprocédures et des dépôts d'enveloppe horodatés.
Cet espace s'inscrit dans une chaîne de confiance qui comprend l'ensemble des dispositifs mis en place pour la sécurisation des transactions électroniques, l'authentification, la confidentialité, la traçabilité des échanges...
Il faut que ce guichet unique soit prêt fin 2007 pour nos entreprises pilotes pour, qu'en 2008, nous puissions envisager un déploiement à d'autres corps d'état et d'autres régions.
Nous allons également élaborer avec les collectivités locales et les entreprises une charte des bonnes pratiques qui répond aux attentes des deux bouts de la chaîne.
Propos recueillis par Jean-Philippe Defawe
