Incontestablement, les années durant lesquelles le secteur affichait des croissances insolentes (+ 4 à + 8 %) sont belles et bien terminées, comme le soulignent Frédéric Sambourg, président de la Fédération des magasins de bricolage de l'aménagement de la maison (FMB), et Jean-Éric Riche, président de l'Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l'aménagement du logement (Unibal). Néanmoins, le marché du bricolage progresse, et même plutôt bien. En 2016, il a enregistré une hausse de son activité de 1,9 %, d'après l'étude annuelle des deux fédérations professionnelles.
Fin du recul des ventes. « C'est nettement mieux qu'en 2014 (+ 0,8 %) et 2015 (+ 0,6 %) », note Juliette Lauzac, chargée d'études d'Unibal. Et d'analyser cette dynamique : « Elle résulte de la reprise du marché immobilier jusque-là bloqué aussi bien dans le neuf que dans l'ancien. En effet, les mises en chantier ont progressé de plus de 10 % en 2016, alors que les transactions immobilières dans l'ancien atteignaient leur meilleur niveau depuis plus de dix ans, avec 848 000 biens ayant changé de propriétaire. » Résultat, pour la première fois, le marché du bricolage a dépassé la barre des 25 Md€.
Dans ce contexte, les années se suivent mais ne se ressemblent pas pour le négoce. Le circuit a connu enfin une embellie. Les ventes ont progressé de 0,6 % (à 3,7 Md€). Certes, cette croissance est modérée, mais elle met un terme un recul pratiquement continu de son activité depuis plusieurs années auprès de la clientèle diffuse (particuliers, autoentrepreneurs, autoconstructeurs, gros bricoleurs… ) : + 0,3 % en 2013 ; - 1,6 % en 2014 ; - 8,4 % en 2015. Elle met également fin à l'érosion de la part de marché du négoce depuis vingt ans (5 points de moins), pour s'établir à 15 % en 2016.
Leroy Merlin ultradominant. Il n'en demeure pas moins que le principal moteur du marché reste les grandes surfaces de bricolage (GSB). Cette année encore, « les 11 principales enseignes, et leurs 2 300 points de vente, ont capté 77 % du chiffre d'affaires du secteur », constate Juliette Lauzac. Non seulement les GSB dominent plus que largement le secteur, mais cette emprise se concentre toujours sur deux acteurs, Adeo (Leroy Merlin, Weldom, Bricoman) et Kingfisher (Castorama et Brico Dépôt). Ces deux groupes totalisent 71 % des passages en caisses du circuit avec près de 14 Md€. Dans le détail, Adeo détient 40 % du marché (+ 1 point) et Kingfisher 31 % (- 1 point).
Côté réseaux, Leroy Merlin (+ 1 point par rapport à 2015) réalise un tiers des ventes du circuit. Cela représente 16 % de plus que le numéro deux, Castorama (- 1 point, à 17 %), et 19 % de plus que le troisième, Brico Dépôt (inchangé, à 14 %).
Rachat de Bricorama. Loin derrière, on retrouve les outsiders : le duo d'indépendants Les Mousquetaires (enseignes Bricomarché et Brico Cash) et Groupe Mr. Bricolage, avec 10 % chacun. Ils distancent eux-mêmes le groupe Bourrelier (enseigne Bricorama, 3 %), la branche bricolage de l'ACDLec (Brico E. Leclerc, 2 %), Groupe Samse (La Boîte à Outils et L'Entrepôt du Bricolage, 2 %) et Cofaq (Brico Pro et Brico Pro Relais, 2 %).
L'annonce, le 6 juillet 2017, du rachat de Bricorama par Les Mousquetaires (à l'heure du bouclage de Négoce, les autorités de la concurrence n'ont pas encore autorisé l'opération) changera-t-elle la donne ? Certes, le nouvel ensemble donnerait naissance au numéro trois du bricolage en France, avec une part de marché cumulée de plus de 13 %, derrière Adeo et Kingfisher, mais surtout devant Mr. Bricolage. Mais 1 + 1 fait rarement 2 dans ce type d'opération.


