C’est en pleine négociation sur le dialogue social, dont il est acteur en tant que représentant de l’UPA, que Patrick Liébus, président de la Capeb, a tenu, jeudi 22 janvier, sa traditionnelle réunion sur la conjoncture de l’artisanat du bâtiment. Et il est clair que l’ambiance n’était pas à la fête.
L’activité en 2014 a enregistré un recul de -2% en volume (-4,5% dans le neuf, -0,5% dans l’entretien-rénovation). Après trois ans de baisse consécutive, le secteur ne montre toujours pas de signes de reprise, conséquence du manque d’investissement des ménages que ce soit en construction neuve ou dans les travaux d’entretien-rénovation. Dans ces conditions être optimiste relève d’un exercice difficile, mais Patrick Liébus ne veut pas tomber dans la sinistrose, « il faut regarder devant soi, avoir des espérances », même si l’année 2015 n’augure pas de grands changements.
Mais un mieux en 2015
Selon les prévisions de la Capeb, l’artisanat devrait connaître en 2015 un recul moins important qu’en 2014, qui se situerait aux alentours de -1%, contre -2% en 2014 ; un léger mieux toutefois. Cette tendance se traduirait par une baisse de la construction neuve de -4% à -3% et par une activité comprise entre +0,5% et +1,5% en entretien-amélioration. La Capeb table sur un 1er semestre en recul à l’image de la fin de l’année 2014, mais sur 2ème semestre plus dynamique. Ce dernier pourrait en effet bénéficier des plans de relance des logements initiés en 2014 : faciliter la libéralisation du foncier, favoriser l’accession à la propriété, simplifier et réduire les normes dans la construction et des aides prévues tout particulièrement dans le cadre de la transition énergétique (le nouveau crédit d’impôts CITE, relance de l’Eco-PTZ ou encore le programme Habiter Mieux). La baisse de l’euro et du cours du pétrole, les taux d’intérêt bas devraient aussi apporter leur pierre à l’édifice.
« Ceci dit, l’argent ne se débloque pas, les clients ont les yeux rivés sur le chômage et thésaurisent », souligne Patrick Liébus qui rappelle que 55% des entreprises de moins de 20 salariés sont sur les marchés de l’entretien-rénovation. « Malheureusement pour l’instant, constate-t-il, les mesures d’accompagnement n’ont pas les effets souhaités pour le décollage des marchés ». Peut-être en raison des délais très longs entre les prises de décisions et l’application de ces mesures. Et le président de la Capeb de réclamer la baisse du taux de TVA. « Un retour de la TVA à 5,5% est la solution, incitative et simple qui permettra de relancer l’économie dans notre secteur et de lutter contre la concurrence déloyale ». Pas sûr qu’il soit entendu par le gouvernement.
12 000 emplois perdus en 2014, soit plus de 30 par jour !
L’emploi est la préoccupation de tous, mais comment embaucher lorsque l’activité est en berne et que les indicateurs de santé des entreprises sont au rouge ? La réponse est toute trouvée, « on ne peut pas », affirme Patrick Liébus. Les carnets de commande se sont raccourcis de 7 jours et représentent en ce début d’année 67 jours de travail. Les besoins de trésorerie repartent à la hausse : 45% des entreprises déclarent un besoin de trésorerie de 20 000 euros, contre 17 000 il y a trois mois.
Victime de cette conjoncture difficile : l’emploi. L’artisanat du bâtiment aura perdu, en 2014, 12 000 emplois. « La Capeb se bat pour que les entreprises aient moins de difficultés à conserver leurs salariés ou à en embaucher de nouveaux. Les nouvelles négociations concernant le compte pénibilité et la lutte contre la concurrence déloyale des emplois low cost s’inscrivent dans cet engagement, c’est pour cette raison que nous ne lâcherons rien sur ces deux sujets », explique Patrick Liébus.
Dans un climat pour le moins morose, « où il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’artisans et salariés d’entreprises artisanales se rebellent », le président tente de positiver : « que tout cela ne nous empêche pas d’avancer ».