Dernière œuvre d’Oscar Niemeyer (1907-2012) en France, l’ancien siège de L’Humanité reflète la basilique de Saint-Denis sur ses façades inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Après l’obtention du permis de construire en janvier dernier et le curage lancé en février, le mur rideau commence à être démonté par l’entreprise Eiffage Construction, mandataire d’un groupement également composé de B. architecture, Berim, Arcora et Eiffage Services.
Un chantier de 40 millions d’euros
Mené sous la houlette de l’Oppic - l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture) -, maître d’ouvrage mandataire, le chantier est financé par l’Etat à hauteur de 40 millions d’euros dans le cadre du Plan de relance, au titre de l’amélioration énergétique des bâtiments publics. Intégré dans la rénovation globale du centre-ville, l’immeuble de bureaux doit accueillir début 2025 les 400 agents de la Direction interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets).
Construction entre 1987 et 1989
« Sa construction, entre 1987 et 1989, n’est pas si éloignée mais les défis ont fondamentalement changé au niveau environnemental », rappelle Vera Matovic qui dirige l’agence B. architecture. La rénovation des façades, conçue avec le bureau d’études Arcora, vise le label BBCA. Elle est menée sous le contrôle scientifique de la Drac Ile-de-France, en lien avec Jean-Maur Lyonnet, qui fût architecte d’opération d’Oscar Niemeyer. La grande nappe vitrée verticale qui couvre 2 000 m2 du 1er au 3e étage, avait été édifiée avec le procédé, alors novateur, de verre extérieur collé (VEC) qui permet d’afficher une façade lisse avec des joints creux au droit de l’axe des montants. Les éléments verriers ont commencé à être déposés à l’aide de ventouses pour éviter la casse, puis le quadrillage structurel en aluminium sera démonté. L’ensemble sera entièrement recyclé.
Performance thermique deux fois plus élevée
Le nouveau mur-rideau respectera le calepinage alternant parties fixes en allège et parties ouvrantes à l’Italienne. Pour un budget d’environ 1 000 euros/m2, des panneaux de verre à double vitrage pyrolytique réfléchissant, fabriqués en France par AGC, remplaceront ceux d’origine à simple vitrage importés du Canada. Leur performance thermique, deux fois plus élevée, est accompagnée d’une meilleure transmission lumineuse. Trouver une teinte qui se rapproche le plus possible de celle d’origine a été le point le plus délicat. « Ce bleu-vert qui rappelle la proximité avec la basilique révèle tout le génie d’Oscar Niemeyer », admire Vera Matovic.
